Du lien qui existe entre la généalogie et l’informatique

 Edito dans la Gazette des Ancêtres : à propos de la #Rootstech

Publié le 

 

Après l’article publié dans la Revue Française de Généalogiepar Sophie Boudarel, je livre sur sa Gazette des Ancêtres mon édito, mon point de vue certes naïf et personnel, mais pouvant tout de même intéresser les quelques généalogeek passant par là.

Du lien qui existe entre la généalogie et l’informatique

Un jour, un cousin m’a sorti une phrase que j’ai toujours en mémoire: « Je crois que l’informatique a été créée pour la généalogie tellement le lien est parfait ». Lui qui a connu l’avant et l’après boom informatique voulait synthétiser le très fort lien qui existe entre ces deux sciences. Mais pourquoi ce lien ?
Schématiquement, la généalogie se caractérise par la création d’une base de données personnelle (facilement gérée par l’ordinateur), dont les éléments constitutifs sont issus d’une grande base de données historique (dont fait partie l’état civil par exemple). La recherche dans cette base historique est rendu possible par le moteur de recherche de l’ordinateur.
Ensuite cette base de données personnelles s’enrichit de médias (photos, vidéos, audio, numérisations etc.) qui sont bien gérés par l’ordinateur.
Et enfin, la pratique de la généalogie met en exergue l’échange de données et le partage d’informations (opérations également gérées par l’ordinateur).
Tous ces liens ne sont pas futiles, bien au contraire. Ils permettent de pratiquer la généalogie de façon moderne, efficace et fiable. Vous qui lisez ces lignes sur La Gazette ou sur genBècle, vous utilisez l’outil informatique pour votre généalogie et connaissez ses nombreuses limites :
  • La conception des bases de données varie selon le logiciel utilisé créant des problèmes de partage de l’information
  • La nature des médias et la taille des données pénalisent également cet échange
  • Les moteurs de recherche ne sont pas parfaits
  • La base de données dans laquelle s’effectue la recherche est, à l’origine, manuelle, la recherche est donc plus difficile
  • Le facteur local est aussi parfois un problème (on ne cherche pas la même chose et de la même façon en France et aux Etats-Unis).
Ainsi, la relation généalogie – informatique est tumultueuse, ancienne et évolutive. D’où la nécessité parfois, de s’arrêter un peu, de se retrouver et de faire un état des lieux actuel et de prévoir le futur.

Un exemple de l’intérêt d’une table ronde

C’est un peu ce qui s’est passé aux USA du 2 au 5 février et, pour compléter le propos de Sophie dans La Revue française de Généalogie, je vous expose le principe par un exemple :
  1. Constat : parfois, il est difficile de trouver des informations pertinentes sur nos ancêtres dans Google
  2. Google présente sa façon de chercher dans une page
  3. Le généalogiste explique sa façon de présenter sa généalogie, la nomenclature de sa base de données
  4. Google propose d’utiliser des mots-clés dans les pages web facilitant la lecture par le moteur de recherches de données historiques et familiales (historical-data.org)
  5. Si des sites comme Geneanet les utilisent, Google comprendra mieux le contenu et sera mieux capable de répondre à ma requête « Quel est le lieu de naissance de Jules Jean Baptiste Chabaud, né en 1897″

Pourquoi aux USA ?

Donnons quelques éléments de réponse :
  • La numérisation des archives (même françaises) par microfilms, c’est eux
  • La création des premiers logiciels performants, c’est eux
  • La création d’un langage « commun » aux logiciels (le Gedcom), c’est eux
  • La culture des keynotes (vous savez, ces grandes présentations à la Steve Jobs devant un public conquis avec des diapos derrière le présentateur), c’est eux
  • Les consommateurs, c’est encore eux.
 Ainsi, les américains sont à la fois les promoteurs, les organisateurs, les ingénieurs et les consommateurs d’une bonne partie des avancées technologiques en généalogie. Pas étonnant que cette conférence soit donnée outre-Atlantique.
Que dire alors du généalogiste franchouillard qui ne se sent pas concerné par cet évènement américain ? Qu’il a simultanément raison et tort.
Tort, évidemment, car ce qui est proposé par les américains aujourd’hui arrivera plus ou moins en l’état chez nous demain. Les grandes lignes évoquées en février là-bas seront concrétisées dans quelques temps chez nous. Les évolutions technologiques nous concernent directement car nous aimons également publier notre généalogie via des blogs, rechercher des informations via Google, partager nos données via Gedcom et surFacebook, prendre des notes via Evernote, prendre des photos en .jpg et les ajouter à notre base de données, indexer des relevés en ligne etc.

De l’exception française

Ce qui nous distingue par contre (et qui motiverait à lui seul une rootstech française) c’est la base de données dans laquelle nous effectuons nos recherches, qui n’est pas la même que celle des américains.
Sa nomenclature n’est pas la même et par conséquent la façon qu’a Google (toujours le même exemple) d’y rechercher des informations n’est pas la même. Il faudrait que nous soyons capables de converser avec ces grandes entreprises internationales pour leur montrer nos spécificités et améliorer notre recherche généalogique.
Sa nomenclature n’est pas la même, donc la façon que nous avons d’utiliser nos logiciels n’est pas la même (d’ailleurs, nos logiciels sont différents : Heredis et Geneatique surtout). Ainsi faut-il penser à ce que la norme de communication soit capable de supporter les exceptions françaises.
Notre langue n’est pas la même, ce qui change pas mal de chose en numérisation, indexation et reconnaissance de l’écriture (technologie OCR). D’ailleurs nous avons des entreprises très performantes dans ce domaine à qui nous pouvons présenter notre base de données à numériser et à indexer.
Les sites internet que nous utilisons sont différents (peu Ancestry ouFamilysearch et beaucoup Geneanet et Genealogie.com) et nous aimerions également que des applications telles que NoteFuser soient disponibles en France. D’ailleurs nous possédons de très bons développeurs qui pourraient s’y pencher.
Les sites des archives départementales sont aussi très visités, et peut-être que la rencontre entre archivistes, généalogistes et informaticiens permettrait d’améliorer encore ces services que nous utilisons tous les jours, et pourquoi pas les harmoniser.
Notre public de généalogistes n’est pas non plus le même : probablement beaucoup moins nombreux, et peut-être moins technophiles. Alors faudra-t-il également être très pédagogique pour présenter ces nouvelles technologies.
Nous possédons ainsi de très bons arguments qui expliquent pourquoi nous avons besoin de cet évènement en France qui permettra aux liens entre généalogie et technologies de devenir plus fort encore, demain.

By René Arbour

Management certificate of Credit Card (New York - 1983-84) Bac Administration , Security for the people (Minesota 1984)