Histoire Famille Cloutier en Amérique

ARRIVÉE DES CLOUTIER EN AMÉRIQUE

 Par :J.-Roger Cloutier : [email protected]

 L’ANCÊTRE

Notre ancêtre Zacharie Cloutier est un des premiers colons fondateurs de la Nouvelle-France. Ses descendants sont très nombreux surtout au Québec, mais aussi au Canada, aux États-Unis et ailleurs. Sa décision de venir au Canada et d’aider à démarrer un processus de peuplement peut sembler surprenante. Mais, elle s’inscrit dans un contexte particulier qui mérite d’être étudié afin de comprendre l’ampleur de ses répercussions sur sa vie et sur celle de sa famille.

UN PEU D’HISTOIRE

La ville de Québec et la Nouvelle-France ont été fondées au début du XVIIe siècle par des Français. Mais, qu’est-ce qui pouvait motiver ces Européens à venir ici et que se passait-il en France à cette époque ?

 La situation en France

Au XVIe siècle, la situation religieuse en France est tragique causant des guerres internes et des massacres. Les rois successifs ne réussissent pas unifier le pays et amener la tranquillité. Dans un tel climat, on peut comprendre que des gens simples et paisibles de la roture pensent à fuir dans l’esprit de trouver une tranquillité, une certaine liberté et une prospérité personnelle. D’autre part, c’est la mode en Europe de créer des compagnies pour explorer les territoires nouveaux et faire le commerce.

Chaque puissance européenne veut avoir sa part du gâteau des nouveaux territoires. Des individus veulent s’enrichir ; certains autres veulent étendre leur religion et évangéliser les peuples autochtones. Enfin, d’autres encore, veulent tout simplement un endroit sain physiquement et socialement pour vivre onvenablement et pour élever une famille sur un lopin de terre qui leur appartiendrait.

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Le roi Henri IV qui s’était converti du protestantisme au catholicisme réussit un peu mieux que ses prédécesseurs à rétablir l’ordre en France et c’est sous son règne que l’Acadie est fondée en 1604

1. Ces premières activités françaises en Amérique ont des buts surtout commerciaux et dépendent du financement de promoteurs. Mais, ces efforts sont souvent sapés par les rivalités politiques et militaires anglaise et française qui se répercutent de ce côté-ci de l’Atlantique ou même par des intrigues à la cour.

Pierre de Gua, sieur De Monts, fondateur de l’Acadie, voit ses privilèges révoqués et Champlain qui était en Acadie avec lui depuis le début, retourne en France en 1607. Champlain, cependant, n’abandonne pas et revient en Amérique en 1608 pour fonder Québec.

Fondation de Québec et de la Nouvelle-France

2. Les débuts de l’établissement dirigé par Samuel de Champlain sont lents et pénibles. La première famille française venue habiter en Nouvelle-France est celle de Louis Hébert, apothicaire parisien, en 1617. Ce dernier avait déjà vécu en Acadie avec Champlain qu’il connaissait donc assez bien. Cette fois, Louis Hébert est accompagné de sa femme, Marie Rollet et de leur fils, Guillaume, et de leurs filles Guillemette et Anne.

Champlain lui concède une terre à Québec, en haute-ville, en 1623. Cependant,

il n’en profita pas longtemps car il meurt au début de janvier 1627 à la suite d’un accident. Son fils unique, Guillaume, épousa Hélène Desportes en 1634, mais ils n’eurent que deux filles et un seul fils, Joseph qui épousa Marie-Charlotte de Poitiers en 1660. Ce Joseph fut tué par les Iroquois l’année suivante, laissant un fils qui mourut en bas âge.

Il n’existe donc pas de descendance mâle de notre premier défricheur. Par contre, sa fille Guillemette Hébert, mariée à Québec en 1621 à Guillaume Couillard, a laissé de nombreux descendants. Anne décède à l’accouchement de son premier enfant qui ne survit pas non plus.

En 1627, la colonie se composait d’une soixantaine d’hommes, de cinq femmes et de six petites filles. Pendant ce temps, Champlain qui est cartographe, explore le pays tant qu’il le peut se rendant jusqu’aux grands lacs Huron et Ontario vers l’ouest, et jusqu’au lac Champlain vers le sud. Seuls les Iroquois déjà hostiles semblent l’empêcher d’aller plus loin.

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1 Le roi Henri IV meurt assassiné en 1610.

2 Durant ses tournées d’exploration en Acadie, Champlain avait été impliqué dans des affrontements violents et meurtriers avec des Indiens dans la région de Cape Cod. S’il a choisi de s’installer plus loin au nord, sur le St-Laurent lors de son deuxième essai à la colonisation, c’est sans doute en pensant éviter de tels affrontements dans le futur. Hélas !

En 1629, les trois frères Kirke s’emparent de Québec qui est sans grande protection, au nom des Anglais.

3 La plupart des habitants retournent en France. Seuls restèrent Guillaume Couillard, sa famille et sa belle-mère, Marie Rollet, en tout, une vingtaine de personnes. En 1632, le traité de Saint-Germain-en-Laye mit fin à l’occupation anglaise. Lorsque Champlain revint en 1633, tout était à recommencer car les Anglais avaient tué le bétail, emporté les provisions et détruit toutes les structures. Robert Giffard, maître-chirurgien et apothicaire était déjà venu à Québec pour le compte de la compagnie des Cent-Associés.

Il y avait hiverné en 1625-26 et avait pris goût à ce pays. Il revient par la suite en 1629, mais se fait prendre par les Anglais

4. De retour dans son Perche natal, il planifie et organise la réalisation de son projet. Il s’associe avec Pierre Le Bouyer, sieur de Saint-Gervais et conseiller du roi pour faire du commerce et pour coloniser la Nouvelle-France. En 1634, il arrive à Québec avec un groupe d’une quarantaine de personnes en provenance du Perche. Les Percherons n’ont pas la réputation d’être des aventuriers, mais ils semblent avoir les qualités recherchées5. Ce groupe comprend six familles de plusieurs enfants chacune.

Les immigrants sont comme suit :

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Cette capture fut sentie comme une grande traîtrise par Champlain et les autres Français parce que les frères Kirke étaient aidés et guidés par un capitaine huguenot français de Dieppe, Jacques Michel.

Voir TRUDEL, Marcel, Histoire de la Nouvelle-France, tome III, La seigneurie des

Cent-Associés, Fides, 1979, page 30.

4 Ibid., page 130.

5 LANDRY, Yves, Pour le Christ et le Roi, La vie au temps des premier

Ms ontréalais, Libre Expression/

Art global, 1992, page 41. Dans ce document, on reproduit un portrait des Percherons selon l’abbé Jean-Joseph d’Expilly publié dans son Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, publié à Paris entre 1762 et 1770 : « Les habitants de cette province [le Perche] sont en général fort attachés au même travail, et peu capables d’invention. Ils ont eu

de vivacité, mais ils sont laborieux. Ceci, au reste, ne doit s’entendre que du peuple. »

Figure 1 : Les provinces de France au XVIIe siècle.

Robert Giffard, sieur de Moncel et de Beauport : son épouse Marie Renouard et leurs enfants, Marie dite Marie-Françoise et Charles. Puis, s’ajoutèrent Françoise, Louise, Marie dite Marie-Thérèse et Joseph, nés ici. En France, il est maître-chirurgien et apothicaire. Ici, il est qualifié de médecin ordinaire du roi et seigneur.

Noël Juchereau, sieur de Châtelet et DesChâtelets : célibataire.

En France, il est licencier en droit, maître des forges d’Échaumesnil, marchand, membre de la compagnie de la Nouvelle-France. Au Québec, il est commis général de la compagnie des Cent-Associés, directeur des embarquements pour le Canada à La Rochelle, procureur général de la Communauté des Habitants de la Nouvelle-France. Il retourne en France en 1647.

 Jean Juchereau, sieur de Maure : son épouse Marie Langlois et leurs enfants, Jean, Nicolas et Geneviève. Louis et François sont déjà décédés.

En France, il est marchand drapier, marchand de bois, marchand de vin, propriétaire du greffe hérédital au baillage du Perche. Ici, il est marchand de fourrures, commis général des magasins de la Nouvelle-France ; il reçoit un fief à Cap-Rouge et devient donc seigneur en 1635.

Jean Guyon : son épouse Mathurine Robin et leurs enfants, Barbe, Jean, Simon, Marie, Marie6 (sic), Claude, Denis, Michel. Puis, Noël et François naîtront ici. En France, il est maître-maçon. Ici, il est aussi maître-maçon et notaire privé ; il obtient l’arrière-fief Dubuisson et devient donc seigneur bourgeois.

Henri Pinguet : son épouse Louise Lousche et leurs enfants, Françoise, Noël-Joseph et Pierre. Mathurin, Nicolas, Louise, Marie et Marie sont déjà décédés en France. Il était marchand en France. Ici, il possède le fief de Pinguet.

 Gaspard Boucher7 : son épouse Nicole Lemaire et leur enfants, Pierre, Nicolas, Marie, Marguerite et Madeleine. Charles, Antoinette et Charles sont déjà décédés en France. Il est laboureur et menuisier.

 Marin Boucher 8 : sa deuxième épouse Perrine Mallet 9 et leurs enfants, Louis-Marin dit Beaubuisson, Jean-Galleran, Françoise, Pierre, Madeleine et Marie. Guillaume naît ici. Vient avec eux aussi, François,

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6 Peut-être décédée en France.

7 Futur Gouverneur des Trois-Rivières, puis, fondateur de Boucherville.

8 Il est le frère de Gaspard.

9 Elle est arrivée en 1635 avec ses enfants. Voir TRUDEL, Marcel, Catalogue des immigrants

1632-1662, Hurtubise HMH, 1983, page 44. Âgé de 17 ans, fils de Marin et de feu sa première épouse Julienne Baril. Marin Boucher est maçon.

 Jeanne Mercier : célibataire. Elle épouse Claude Poulin, un charpentier,

à Québec en 1639. Ce couple aura neuf enfants : Marie, Pascal, Madeleine, Martin, René, Ignace, Marguerite, Marie (une autre) et Pierre.

Zacharie Cloutier : voir les détails dans le document « Génération 1 »

Avant son départ de France, le roi avait octroyé à Robert Giffard la seigneurie

de Beauport près de Québec. Il pouvait à son tour accorder des concessions de terres à ses compatriotes. D’autres Percherons arrivèrent au cours des années qui suivirent venant principalement des régions de Tourouvre et de Mortagne au Perche

: Jean Gagnon, en 1640, Guillaume Pelletier, en 1641, Pierre Gagnon, frère de Jean, en 1642, Louis Guimont, Julien Mercier, Jacques Loiseau, Pierre Tremblay, en 1647, Nicolas Rivard et Marin Chauvin, en 1648, Jean Roussin, en 1650, Pierre

Maheu et Robert Giguère, en 1651, pour n’en nommer que quelques uns.

En moins de 30 ans, une cinquantaine de familles percheronnes traversèrent

l’Atlantique pour venir s’établir en Nouvelle-France. Ces familles, avec la famille Couillard-Hébert, sont les plus anciennes du pays et leurs descendants sont très nombreux. Ces gens et leurs descendants immédiats ont fondé Beaupré, Charlesbourg, Boischâtel, Cap-Tourmente, Courville, L’Ange-Gardien, Château-Richer et Beauport.

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 CHRONOLOGIE DES CLOUTIER ET DES

ÉVÉNEMENTS IMPORTANTS :

1491 Jean Cabot (Giovanni Caboto) explore Terre-Neuve.

1492 Christophe Colomb découvre l’Amérique.

1498 Louis XII monte sur le trône de France.

1515 Louis XII meurt et François Ier devient roi de France.

1534 Premier voyage de Jacques Cartier au Canada.

1547 François Ier meurt et Henri II devient roi de France.

1559 Henri II meurt et François II devient roi de France.

1560 François II meurt et Charles IX devient roi de France.

1574 Charles IX meurt et et Henri III devient roi de France.

1582 Le calendrier grégorien remplace le calendrier julien dans le monde
catholique.

1589 Henri III meurt et Henri IV devient roi de France.

1590 Naissance de Zacharie Cloutier. (première génération)

1596 Naissance de Sainte Dupont. (première génération)

1603 Premier voyage de Samuel de Champlain en Amérique.

1604 Fondation de l’Acadie par Pierre de Gua, sieur De Monts.

1607 Fondation de Jamestown (Virginie) aux États-Unis par les Anglais.

1608 Fondation de Québec par Samuel de Champlain.

1608 Décès de Renée Brière, la mère de Zacharie Cloutier

1610 Henri IV meurt et Louis XIII devient roi de France.

1617 Arrivée à Québec de Louis Hébert et de sa famille.

1617 Naissance de Zacharie Cloutier fils. (deuxième génération)

1620 Naissance de Jean Cloutier. (deuxième génération)

1622 Naissance de Sainte Cloutier. (deuxième génération)

1626 Naissance d’Anne Cloutier. (deuxième génération)

1629 Naissance de Charles Cloutier. (deuxième génération)

1632 Naissance de Louise Cloutier. (deuxième génération)

1632 Décès de Sainte Cloutier. (deuxième génération)

1634 Arrivée à Québec de Zacharie Cloutier père et de Zacharie Cloutier fils.

1634 Décès de Denis Cloutier, le père de Zacharie.

1634 Fondation des Trois-Rivières par Laviolette.

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10 Calendrier actuel promulgué par le pape Grégoire XIII.

1635 Décès de Samuel de Champlain.

1636 Arrivée à Québec de Sainte Dupont et de ses autres enfants.

1642 Fondation de Montréal par Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve.

1643 Louis XIII meurt et Louis XIV devient roi de France.

1648 Décès d’Anne Cloutier. (deuxième génération)

1677 Décès de Zacharie Cloutier. (première génération)

1680 Décès de Sainte Dupont. (première génération)

1690 Décès de Jean Cloutier. (deuxième génération)

1699 Décès de Louise Cloutier. (première génération)

1708 Décès de Zacharie Cloutier fils. (deuxième génération)

1708 Décès de Madeleine Émard. (deuxième génération)

1709 Décès de Charles Cloutier. (deuxième génération)

1715 Louis XIV meurt et Louis XV devient roi de France.

1755 Début de la déportation des Acadiens.

1760 La Nouvelle-France devient possession anglaise.

1760 George III monte sur le trône de Grande-Bretagne.

1776 Les États-Unis d’Amérique deviennent indépendants de la Grande-Bretagne.

1789 Début de la Révolution française.

1791 Séparation du Bas-Canada et du Haut-Canada.

1804 Napoléon devient Empereur des Français.

1820 George III meurt et George IV devient roi de la Grande-Bretagne.

1830 George IV meurt et Guillaume IV devient roi de Grande-Bretagne.

1837 Révolte des Patriotes.

1837 Guillaume IV meurt et Victoria Ière devient reine de la Grande-Bretagne.

1867 Création de la confédération canadienne.

1901 Victoria Ière meurt et Édouard VII devient roi de la Grande-Bretagne.

1910 Édouard VII meurt et George V devient roi de la Grande-Bretagne.

1914 Début de la Première Guerre mondiale.

1929 Début de la crise économique mondiale.

1936 George V meurt et Édouard VIII devient roi de Grande-Bretagne, mais il

abdique la même année et est remplacé par George VI.

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1939 Début de la Deuxième Guerre mondiale.

1952 Georges VI meurt et Élisabeth II devient reine de Grande-Bretagne.

ORIGINE DU PATRONYME CLOUTIER

« Avant le Xe siècle, le nom de famille ou patronyme n’existait pas en France. Seul, le prénom reçu au baptême était alors usité pour désigner chaque individu »

11. Par la force des choses, l’usage des surnoms s’était répandu pour permettre aux gens de se retrouver, au fur et à mesure de l’augmentation de la population. Cependant, c’était le problème des roturiers puisque les nobles avec leurs multiples noms à particule n’avaient pas cette difficulté. En 1539, le roi François 1er décréta la création de l’état civil par l’ordonnance de Villers-Cotterêts

12 pour consigner les données vitales de son peuple et rendit obligatoire la transmission du nom du Père à tous ses enfants.

Ceux qui n’avaient pas encore de nom de famille durent s’en trouver un. Ainsi, on prit des patronymes d’un peu partout : d’une province (Champagne), d’une ville (Parisien), d’une origine étrangère (Lallemand), de parenté (Legendre), d’un titre (Marquis), d’un métier (Cloutier), d’un lieu (Vallée), d’un animal (Lelièvre), d’une plante (Poirier), d’une qualité (Ledoux), d’un défaut (Malenfant), d’une infirmité

(Lesourd), d’un trait physique (Legrand) et d’un trait de caractère (Sansregret),

etc.

Même si notre ancêtre n’était pas cloutier de son métier, il est fort probable que si on réussissait à remonter d’une ou de deux générations plus haut dans la lignée Cloutier, on trouverait un fabricant.

13 ou un vendeur de clous.

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11 FARIBAULT-BEAUREGARD, Marthe et BEAUREGARD-MALAK, Ève, La Généalogie,

Retrouver ses ancêtres, Les éditions de l’Homme, 1987, page 113.

12 Cette même ordonnance institua l’usage du français pour remplacer le latin dans l’administration de la justice et établit aussi la rédaction des actes notariés. Malgré cette ordonnance, la pratique de tenir des registres dans les paroisses ne s’est généralisée en France que vers l’a n 1600. Voir MÉMO, Encyclopédie générale visuelle et thématique, Larousse, 1993, page 392.

13 À cette époque, les clous étaient fabriqués à la main, martelés un par un par des forgerons spécialisés.

By René Arbour

Management certificate of Credit Card (New York - 1983-84) Bac Administration , Security for the people (Minesota 1984)