Promenades avec Le Grand-Père(Gazette Web

Grand-père aidait à la cuisine. Et lors d’un ou deux réveillons du Jour de l’An, il me demanda de danser devant toute la clientèle. Moi j’étais contente, on me donnait quelques sous et du vacherin, pendant que Pépé, lui, écrasait discrètement une larme de joie. Quelle complicité existait entre cet homme et sa petite-fille !

 

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Promenades avec Pépé

lundi 1er juillet 2002, par Josiane Laurençon-Kuprys

De temps en temps, avec Pépé, nous partions à vélo pour une partie de pêche qui nous prenait tout l’après-midi. Nous attrapions quelques goujons, 3 ou 4 perches soleil aux couleurs arc-en-ciel et d’affreux poissons-chats que je n’osais pas toucher.

Ils piquaient, leurs têtes écrasées avec leurs longues moustaches me faisaient peur et leurs dos noirs et gluants me procuraient un frisson de répulsion.

Grand-père n’a jamais été fin pêcheur. Mais pêcher lui procurait une bonne occasion de passer le temps et d’amener ses petits enfants au bord de l’eau.

Le plus souvent nous rejetions à l’eau le produit de notre pêche, mais nous ramenions ravis, 2 ou 3 perches vivantes que nous mettions, en arrivant, dans la grande lessiveuse au milieu du jardin.

Leur donner à manger et les voir évoluer chaque jour, nous occupait une grande partie des vacances. Je me rappelle qu’elles avaient la vie dure mais quelques-unes d’entre elles ont eu la chance d’être redescendues en Saône vers la fin des vacances.

Puis, il y avait aussi les baignades. Quand nous partions jusqu’à Trévoux, Polo et son mal de jambes nous suivaient non sans peine. C’était le temps béni où nous pouvions nager encore dans la Saône.

Grand-père emmenait le goûter dans ses grandes sacoches et avec délice et fringale nous dévorions le tout après le bain.

Puis à la fin de l’après-midi, rafraîchis et contents, nous rebroussions chemin, sur la route bordée de peupliers et encore peu encombré de voitures. Nous marchions en ordre, moi devant, mon petit frère au centre, et Pépé fermait la file pour bien surveiller son petit monde. Il nous criait souvent de laisser assez d’espace entre nous.

Serrez à droite, pas d’écart, c’est bien… plus que quelques kilomètres et nous y sommes…

Bois de cieux

Nous montions aussi à « la montagne » où Pépé avait un morceau de terrain tout en pente avec, au bord du chemin, un châtaignier et trois chênes maigrelets, puis le reste en ronces, mais nous étions chez nous pour goûter.

 

Terrain de Pépé – Bois de Cieux

Tu vois, me disait-il, ce terrain je te le donne et quand tu seras grande tu y feras construire ton chalet.

Et bien sûr je le croyais.

Ce petit morceau de terre est toujours juste en face du « Bois de Cieux » qui n’est rempli que de châtaignes. Combien de fois y suis-je montée pour rêver ?

En montant au-dessus du terrain de Pépé, on peut apercevoir Curis en contrebas avec le clocher de sa petite église où j’ai été baptisée. On voit aussi la carrière en pierres dorées, que j’ai eu la chance de voir encore exploitée, et puis une jolie courbe de la Saône coulée dans la verdure. Un joli tableau à fixer dans sa mémoire !

Le restaurant

Les randonnées pédestres jusqu’au Mont Thoux, pour rejoindre Pépé qui travaillait au Fortin, transformé en restaurant par « les Béart », anciens boulangers de Curris, étaient, elles aussi, mémorables.

Grand-père aidait à la cuisine. Et lors d’un ou deux réveillons du Jour de l’An, il me demanda de danser devant toute la clientèle. Moi j’étais contente, on me donnait quelques sous et du vacherin, pendant que Pépé, lui, écrasait discrètement une larme de joie. Quelle complicité existait entre cet homme et sa petite-fille !

 

By René Arbour

Management certificate of Credit Card (New York - 1983-84) Bac Administration , Security for the people (Minesota 1984)