DESSUREAULT D’AMÉRIQUE

Un peu d’histoire…

Nous présentons ici quelques notes historiques pour illustrer quelque peu le cadre dans lequel notre ancêtre a dû évoluer tant en France qu’au Canada et à Batiscan.

La Bourgogne

François Dessureaux est venu de Bourgogne, de Saint-Pantaléon plus précisément. Il confirme ce fait dans son contrat de mariage qu’il signe le 3 mars 1672.

FranceDrapeau2009 DESSUREAULT D’AMÉRIQUE

Nos ancêtres


Un peu d’histoire…
    La Bourgogne
    La Nouvelle-France
    Batiscan
François Dessureaux dit Bourguignon ou Le Bourguignon
Marie Bouard et Jacques Antrade
Marie Bouard et Jean Boismené dit Laplante
Les fils de François Dessureaux et de Marie Bouard
    François Dessureau
    Jean-Baptiste Dessureau
Les filles de François Dessureaux et de Marie Bouard
    Catherine Dessureaux
    Marie Dessureaux dit Bourguignon
    Madeleine Dessureaux
    Françoise Dessureaux
    Marie-Anne Antrade


Un peu d’histoire…

Nous présentons ici quelques notes historiques pour illustrer quelque peu le cadre dans lequel notre ancêtre a dû évoluer tant en France qu’au Canada et à Batiscan.

La Bourgogne

François Dessureaux est venu de Bourgogne, de Saint-Pantaléon plus précisément. Il confirme ce fait dans son contrat de mariage qu’il signe le 3 mars 1672.

Saint-Pantaléon était une petite localité située presque sous les murs de la ville d’Autun. Aujourd’hui elle constitue pour ainsi dire une banlieue au nord d’Autun. Son histoire, comme celle de toutes les banlieues, se confond avec celle de la ville.

L’histoire d’Autun débute avant l’ère chrétienne. La ville fut fondée par les Romains qui la nommaient Augustodunum. Ils en firent une capitale régionale importante. De nos jours, c’est la ville française qui contient le plus de vestiges de l’époque romaine. Un des monuments remarquables c’est la porte Saint-André qui contrôlait le passage pour aller d’Autun à Saint-Pantaléon. François Dessureaux a dû y passer souvent pour ses études ou pour son travail.

Au premier siècle avant Jésus-Christ, le territoire actuel de la Bourgogne était habité par les Éduens, une des nombreuses tribus de la grande famille des Gaulois. Ces Éduens étaient plus avancés et plus puissants que leurs voisins et leur richesse provoquait l’envie. Une ligue se forma pour les attaquer et les anéantir; les Éduens firent appel aux Romains pour leur protection. Les Romains vinrent les aider, mais s’installèrent à demeure, et ce fut la naissance d’une culture gallo-romaine très forte, issue de l’alliance conclue avec les Éduens.

Autun devint la capitale du monde gallo-romain. Des temples, des théâtres, des forums, des bains dignes d’une capitale furent construits. Les témoins de cette époque parlent d’Autun comme de la «soeur et l’émule de Rome». Les Gaulois romanisaient même leurs noms. Ainsi à titre d’exemple, un certain Caïus Julius Magnus était le fils d’Époredorix.

Lors du déclin de la puissance de Rome, diverses tribus envahissent la Gaule. Parmi celles-ci, il y a les Burgondes qui viennent d’une île de la mer Baltique. Ils arrivent en 413 et décident de s’installer dans la grande région d’Autun. Grâce à leur force militaire, ils contrôlent le territoire assez rapidement. Dorénavant la région portera leur nom, Burgondie ou Bourgogne. De par leur origine plus nordique, ils sont blonds ou châtain clair, avec les yeux bleus. Encore aujourd’hui, on dit que le type classique du Bourguignon est «blond ou châtain, aux yeux bleus, de taille élevée, de teint coloré, de caractère gai; il a l’hospitalité large et charmante. Il est vif, de prompte colère, mais sans rancune.» (Larousse du XXe siècle, volume I, page 819 – Bourgogne) Les Burgondes, dorénavant associés aux gallo-romains, développeront la culture typique Bourguignone. Ces Bourguignons repoussèrent les diverses invasions subséquentes des tribus germaniques.

La part de la culture apportée par les Romains s’évapore lentement. Les noms changent. Ainsi on voit apparaître des noms comme Gondebaud, Gondioc ou Gunther. Les Bourguignons luttent contre l’invasion des Francs jusqu’en 534, alors qu’ils sont vaincus et doivent laisser les Francs s’installer.

En 731, Autun est saccagée par les Maures. Charles Martel réussira à les chasser de la Bourgogne. Le territoire est alors sous la coupe des rois francs. Le duché de Bourgogne fut souvent en conflit avec la maison royale dans les siècles qui suivirent.

Autun connut une suite de calamités: elle fut incendiée par les Anglais en 1379, frappée par la peste en 1494 et 1564, et assiégée en 1591. C’est à cette époque que les parents de François naquirent.

Notre ancêtre François a certainement participé à des offices religieux célébrés dans la cathédrale Saint-Lazare construite entre 1120 et 1146 pour abriter le corps miraculeusement conservé de Lazare le ressuscité. Cette église fut remaniée aux XVe et XVIe siècles. On peut encore l’admirer de nos jours. François a peut-être étudié au fameux Collège d’Autun fondé en 1341. Sa signature élaborée laisse soupçonner une scolarisation avancée. On peut donc croire que François est passé souvent par la porte Saint-André dans ses allées et venues.

Lors de la révolution française, la Bourgogne sera divisée en quatre «départements». Autun et Saint-Pantaléon feront désormais partie du département de Saône-et-Loire.

Aujourd’hui la Bourgogne est renommée pour ses vins, mais la région d’Autun n’est pas vinicole. On y fait plutôt de l’élevage, de la culture de grains et l’exploitation de la forêt. Ces activités étaient pratiquées sans doute à l’époque où François y vivait.

Il serait intéressant de connaître les raisons qui ont motivé François à quitter une région cultivée, et à traverser la France jusqu’à La Rochelle, puis à s’embarquer pour la Nouvelle-France. Peut-être qu’un jour un historien chanceux découvrira un document quelconque…

La Bourgogne n’a pas fourni beaucoup de colons à la Nouvelle-France: dans ce domaine elle se situe au dixième rang parmi les anciennes provinces de France, bien loin après la Normandie, la Bretagne et le Poitou. Dans ces provinces le peuple utilisait divers patois. Les divers auteurs qui ont étudié cette question considèrent que la langue parlée au Québec est redevable pour 10 % environ à la langue parlée en Bourgogne, au moins quant à l’accent et au vocabulaire.

Les recherches effectuées en France n’ont pas encore relevé de Dessureault en ce pays au 16e siècle. Cependant le voyageur qui parcourt la région d’Autun y trouvera beaucoup de Surot et de Sureau. Il faudra sans doute concentrer les recherches futures sur ce patronyme ou ses variantes si on veut retracer la filiation de notre famille antérieurement à François et à son père Jean. Nous laissons à d’autres généalogistes tout ce domaine de recherches dans les archives anciennes de France.

De 1608 à 1759, entre 8000 et 10000 Français ont quitté leur province natale pour s’établir en Nouvelle-France. Ils ont probablement plus de 10 millions de descendants dispersés en Amérique du Nord.

La Nouvelle-France

Dans les lignes qui suivent nous voulons seulement rappeler le contexte dans lequel notre ancêtre François Dessureaux se retrouva en arrivant en Nouvelle-France vers 1670. Pour une documentation plus précise le lecteur devra se reférer aux textes spécialisés.

Jacques Cartier avait exécuté trois voyages d’exploration et de prise de possession au nom du roi de France en 1534, 1535 et 1542. On sait aujourd’hui qu’il avait été précédé dans le Saint-Laurent par des pêcheurs de différentes nationalités qui trafiquaient aussi avec les Indiens. Les échanges commerciaux entre les Européens et les Indiens continueront de façon plus ou moins régulière jusqu’à la fondation de Québec.

Samuel de Champlain fonda Québec en 1608. Son intérêt premier était l’implantation d’un poste de traite permanent (fourrures et peaux surtout) qui assurerait le respect du monopole commercial accordé par le roi. Champlain avait probablement des vues grandioses sur le développement d’une colonie, mais jusqu’en 1632 il n’eut guère les moyens de les faire valoir. Il voulait civiliser les Indiens en les amenant à vivre à la manière des Français. Le baptême en faisait des sujets du roi de France et des citoyens français de plein droit. Champlain pensait peupler le Canada du mélange des aborigènes convertis et des immigrants de France. Les unions inter-raciales furent très peu nombreuses. Rares furent les Indiennes qui acceptèrent la vie organisée des Français; et la «vie à l’indienne» était jugée inacceptable par les Blancs.

Le premier à cultiver la terre à Québec fut Louis Hébert arrivé en 1617. Il était apothicaire ou comme on dirait aujourd’hui pharmacien. Cette profession était bien utile à la petite colonie de miliciens et de coureurs des bois installée dans les murs de Québec. On autorisa Hébert à cultiver les plantes médicinales dont il avait besoin. Quand il voudra cultiver du blé, il se heurtera aux marchands qui trouvaient plus intéressant de vendre ici le blé importé de France! On finit par tolérer qu’il en cultive un peu. Lors du siège de Québec par les frères Kirke, les quelques minots de blé que fournira Hébert s’ajouteront aux autres denrées et permettront à la colonie de tenir jusqu’à la saison suivante. L’administration comprendra enfin, mais trop tard, l’utilité d’une agriculture locale! La prise de Québec par les Anglais sera une catastrophe économique pour la colonie; la Compagnie des Cents Associés ne s’en remettra jamais.

Louis Hébert n’eut pas de descendance mâle. Ses descendants viennent d’une de ses filles mariée à Guillaume Couillard, et d’une petite-fille mariée à Guillaume Fournier. Les Hébert vivant au Québec ne descendant pas de ce Louis Hébert, du moins pas par la ligne paternelle. Hébert, Couillard, Fournier, Tardif, Racine, Boucher, Guyon ou Dion, sont parmi les plus anciens noms français en Nouvelle-France.

À partir de 1634 on vit sur la Côte de Beauport une tentative sérieuse de colonisation. Robert Giffard fit venir quelques colons sur sa seigneurie. Le développement fut cependant très lent, et on ne peut parler d’un grand succès de peuplement. À la fin de 1664, on comptait quelque 3000 habitants en Nouvelle-France, en majorité des hommes.

En 1661 le roi Louis XIV prit personnellement en charge les affaires de la Nouvelle-France. Avec son ministre Colbert, il élabora un plan de protection de ses territoires d’Amérique. Ainsi en 1665, il envoya un régiment comptant 1300 soldats et officiers, le régiment de Carignan, pour mettre fin aux incursions des Iroquois et assurer la sécurité des coureurs des bois à la recherche des peaux et des fourrures.

À la fin d’une campagne qui dura trois ans, le roi offrit aux soldats de demeurer en Nouvelle-France. En récompense, il leur donnait une terre à cultiver. Les officiers se voyaient offrir une seigneurie. Environ 450 de ces jeunes hommes furent tentés par l’aventure.

Ce mode de peuplement vint aggraver le problême du manque de femmes, les hommes ne trouvant pas ici les épouses qu’ils désiraient pour fonder des familles. Le roi organisa alors un recrutement féminin à travers la France. Il offrait gratuitement le transport des filles jusqu’au Canada. Certaines filles orphelines d’un père qui avait été militaire ou haut fonctionnaire reçurent en plus, de la part du roi, une dot qu’elles purent utiliser selon la mode du temps. D’autres filles, orphelines ou de condition modeste, ne prévoyant pas trouver en France le mari qui améliorerait leur sort, profitèrent de l’offre du roi qui leur assurait transport, nourriture et logement jusqu’à leur mariage.

Les historiens nommèrent ces filles «les Filles du Roy». Environ 775 filles répondirent à l’appel entre 1665 et 1673. À chaque arrivée des bateaux, d’habitude au début d’août, plusieurs mariages étaient célébrés après quelques semaines de fréquentation, voire même après quelques jours seulement.

Ce fut la phase la plus active dans l’histoire du peuplement de la Nouvelle-France. En effet, pendant toute la durée du Régime français, les immigrants et immigrantes qui viendront ici et feront souche seront moins de dix mille.

Marie Bouard, l’épouse de notre ancêtre, était une de ces Filles du Roy arrivée en 1668. Elle venait de Baignoux, situé à une dizaine de kilomètres à l’est de Poitiers. Son père était décédé mais sa mère Jacquette Bilaude vivait toujours. Environ trois semaines après son arrivée, elle épousa à Jacques Antrade à Québec. Sa dot était de 300 livres et venait probablement de l’héritage laissé par son père. Devenue veuve quatre ans plus tard, elle épouse François Dessureaux à Batiscan.

À cette époque la Nouvelle-France recrutait aussi des hommes de métier dans les diverses régions de France. Notre ancêtre François Dessureaux arriva en Nouvelle-France en 1670 ou 1671, venant de sa Bourgogne. Il s’était embarqué au port de La Rochelle.

Le comte de Frontenac fut gouverneur de 1672 à 1682 et de 1689 à 1698. Entre les deux mandats de Frontenac, le poste fut occupé par M. de La Barre. C’est à cette époque que la colonisation du Canada prit son essor. La population augmentait rapidement grâce à l’immigration et au taux élevé des naissances. Lors du recensement de 1681, il y avait 9677 personnes, et au tournant du siècle, on comptera environ 15000 Canadiens.

Au sud, les colonies de la Nouvelle-Angleterre étaient florissantes: leurs populations augmentaient beaucoup plus rapidement et étaient concentrées sur un territoire plus restreint. Le territoire de la Nouvelle-France s’étendait jusqu’aux montagnes Rocheuses et englobait tout le bassin du Mississippi jusqu’à la Nouvelle-Orléans. Pour conserver ces immenses territoires la France misera sur des alliances avec les indigènes, alliances mises en péril par la présence croissante des coureurs des bois anglais.

Louis XV accède au trône de France en 1715 à l’âge de 15 ans. Ses préoccupations n’étaient guère centrées sur ses colonies d’Amérique du Nord. Il s’occupait à des activités qu’on qualifie pudiquement de frivoles. Son incurie fut en partie cause de la vénalité et de la corruption qui furent érigées en système dans la colonie, et les subsides qu’on y injectait étaient de moins en moins rentables. On condamnera le triste Bigot; ça permettra d’oublier les innombrables malversations de ses prédécesseurs!

Et quand Voltaire lancera son mot méprisant sur les «quelques arpents de neige», il ne fera que dire en mots amusants ce que les gouvernants de France pensaient tout bas. Vers la fin du Régime français, ça faisait des années que la Métropole négligeait sa colonie. Le jeune peuple canadien devait se débrouiller pour assurer son développement et sa protection. Les prouesses militaires des dernières années du Régime français sont à attribuer davantage au savoir-faire des miliciens canadiens et au support courageux des alliés Indiens qu’à la bravoure des officiers et soldats français. Elles permirent de retarder une échéance que la disparité des forces en présence rendait de toute façon inévitable.

Batiscan

En remontant le fleuve Saint-Laurent, Samuel de Champlain remarqua une importante rivière qu’il baptisa Batiscan, et un peu plus en amont une île où il nota la présence d’Amérindiens, et il lui donna le nom de Saint-Éloi. Cette île est maintenant reliée à la terre ferme. Mais on peut encore discerner son emplacement quand on visite le «vieux presbytère» de Batiscan.

Dans son volume sur les origines de la Seigneurie de Batiscan, l’historien Raymond Douville passe sous silence la présence des autochtones dans la vie quotidienne des lieux. D’autre part, dans un ouvrage plus ancien, intitulé «Les premiers seigneurs et colons de Sainte-Anne-de-la-Pérade», il en fait mention de façon importante, parlant des Indiens à l’île Saint-Éloi de Batiscan et aussi sur la rivière Batiscan. Ces aborigènes étaient de la tribu des Attikameks, qu’on retrouve encore de nos jours dans la Haute-Mauricie. D’autres Indiens, des Algonquins venant de l’ouest, s’y arrêtaient aussi lors de voyages sur le grand fleuve. La rivière Batiscan ouvrait un grand territoire de chasse allant jusqu’au bassin nord du Saint-Maurice en passant par la rivière des Envies.

Ces Amérindiens venaient à l’île Saint-Éloi vendre ou échanger leurs pelleteries aux commerçants français. Ces derniers, souvent pas trop scrupuleux, échangeaient les fourrures pour de l’eau-de-vie à laquelle les Amérindiens avaient pris goût très rapidement. La rivière Batiscan était un passage très fréquenté dans les premières années du développement de la seigneurie. Douville raconte quelques beuveries des Indiens qui inévitablement troublaient la paix des colons.

Notre ancêtre François Dessureaux se trouva au centre de ces transactions entre Amérindiens, coureurs des bois et commerçants de peaux et fourrures. Un commerçant nommé Laurent Lefebvre tenait un entrepôt-magasin sur la rive sud de la rivière, à presque trois kilomètres en amont de son embouchure. Tous les indices laissent penser que François Dessureaux était son employé. Il ne se contentait pas de voir passer les canots qui descendaient au fleuve; il essayait plutôt de les attirer pour avoir les primeurs de leurs chasses. Il eut certainement de nombreuses occasions de transiger avec les Indiens et les coureurs des bois.

En 1672, il épousait Marie Bouard qui apportait en dot une terre située sur la rive nord de la rivière, presque en face du magasin de Laurent Lefebvre.

On sait que parmi les coureurs des bois qui passaient au poste de la rivière Batiscan, il y avait un nommé Pierre Reborel dit Morin, qui fut témoin au mariage de François, au printemps de 1672. À plusieurs reprises ce Reborel est dit domestique. Un autre individu, Michel Dallaux, était aussi domestique de Laurent Lefebvre. Ce Lefebvre, célibataire et commerçant, ne tenait certainement pas un grand train de maison dans sa cabane au bord de la rivière. Il ne défrichait pas non plus. Que signifiait donc le mot «domestique» dans le cas de Reborel et Dallaux? Etaient-ils plutôt des hommes à tout faire? Peut-être occupaient-ils leur temps libres à la chasse et au trappage, ou même à la traite illégale des fourrures, pour le compte de leur maître? Ils n’auraient pas été les seuls à faire ce métier sur les bords de la Batiscan!

Notre ancêtre François Dessureaux ne dut pas participer beaucoup à l’établissement de la paroisse Saint-François-Xavier de Batiscan. Il était un de ceux qui demeuraient le plus loin de l’église. À cette époque l’église était encore plus à l’ouest qu’elle ne l’est aujourd’hui. La maison historique appelée «Vieux presbytère de Batiscan», édifice très beau et intéressant à visiter, nous indique l’endroit de l’église de ce temps. Le calendrier liturgique comptait alors près d’une centaine de dimanches et fêtes d’obligation. Nos ancêtres, tout religieux qu’ils étaient, durent certainement manquer quelques messes, et la vie paroissiale se déroula souvent sans leur participation.

La Seigneurie de Batiscan avait été donnée aux Jésuites en 1639, mais elle ne se développa qu’à partir de 1666-1667. Dès 1670, des colons se bâtissaient le long de la rivière, sans invitation et sans autorisation des seigneurs. Cette forme d’établissement, du genre «squatter», était courante dans toutes les seigneuries. Parmi les colons ainsi établis se trouvait Jacques Antrade, arrivé de Portneuf avec sa femme Marie Bouard et une petite fille.

La population de Batiscan en 1683 était de 273 personnes, et en 1691 elle était passée à 349. À cette époque Batiscan était le centre le plus populeux entre Québec et Montréal. Le long de la rivière, on pouvait compter environ 75 personnes.



Sainte-Geneviève-de-Batiscan, Les premières terres, Carte cadastrale de 1685-1709, Le Monde illustré, volume 17, numéro 853, page 292 (8 septembre 1900)

François Dessureaux vécut dans ce contexte de 1670, jusqu’à sa mort en 1688. Un territoire de forêts, très peu de résidents, des Amérindiens, pas de chevaux, des canots pour traverser la rivière en été ou pour aller à la messe, voilà ce que connut notre premier ancêtre.

Son épouse Marie Bouard connut les deuils de ses deux premiers maris et d’au moins un enfant. Devenue veuve avec au moins 8 enfants, elle prit un troisième mari, Jean Boymené. Elle connut l’augmentation de la population, particulièrement le long de la rivière. Elle connut la joie de voir ses petits-enfants. Elle mourut en 1712, âgée d’environ 71 ans, ce qui était remarquable à cette époque.

Notre ancêtre porta le surnom de Bourguignon. L’historien Raymond Douville, dans son histoire de Sainte-Anne-de-la-Pérade, donne une liste des résidents de la place. Il mentionne un certain Antoine Chapuy dit le Bourguignon, qui fut domestique pour différents patrons, mais aussi coureur des bois. Dans cette fonction, il a dû rencontrer François Dessureaux dit le Bourguignon. Ils étaient tous les deux du même âge, et curieusement ils sont décédés la même année à Batiscan. Un document de cette époque, soit une procuration que fait un certain Jean Gendron, aussi coureur des bois, à M. de La Naudière, seigneur de Sainte-Anne, mentionne que ce Gendron parlant de Chapuy, déclare que «le grand Bourguignon» lui doit 3 livres. Chapuy était-il un géant, ou l’avait-on surnommé «le grand» pour le distinguer du «petit» qui serait notre ancêtre? Peut-on voir dans ce texte un indice sur la taille de notre ancêtre? Le saura-t-on jamais?

François Dessureaux dit Bourguignon ou Le Bourguignon.

Fils de Jean Dessureaux et de Anne Poraux de Saint-Pantaléon de Bourgogne, b 1633, m 3 mars 1672 (contrat Cusson) à Marie Bouard à Batiscan, s 20 mars 1688 à Batiscan.
Il fut magasinier au service de Laurent Lefebvre, qui possédait un comptoir de traite près du lieu dit «la Pointe à Fortage» sur la rive sud de la rivière Batiscan. Sa terre était située sur la rive opposée. (Voir à ce sujet la section historique et les textes qui suivent cette fiche de famille.)

Sa femme:

  • MARIE BOUARD, b 22 fév 1649 à St-Savin de Poitou, fille de François Bouard et de Jacquette Bilaude de Bignou, diocèse de Poitiers en Poitou (mariés à la chapelle Breuil-Mongot le 24 fév 1647), veuve avec 2 ou 3 enfants de Jacques Antrade (m 16 août 1668 à Québec). Elle épousera Jean Boismené dit Laplante, le 7 fév 1689 à Batiscan. s 1 sept 1712 à Batiscan.

Ses enfants:

  • CATHERINE, b 1675, m 22 avril 1704 à Jean Baril à Batiscan, s 2 août 1748 à St-Pierre-les-Becquets.
  • MARIE, b 1678, m(1) 4 nov 1698 à Jean-Etienne Pont dit Lamontagne à Montréal, m(2) 7 janvier 1721 à Louis Simon dit Tourangeau à St-François, Ile-Jésus, s 15 janv 1733 à St-François.
  • MADELEINE, n 21 sept 1680 à Batiscan, m 4 août 1708 à Pierre Baribeau dit Beaupré à Batiscan, s 1 mars 1748 à Batiscan.
  • FRANÇOISE, b 1682, m 28 sept 1699 à Pierre Généreux à Champlain, s 15 juil 1758 à Berthier.
  • FRANÇOIS, b 6 juin 1683 à Batiscan, m 16 mai 1718 à Elizabeth Bertrand dit St-Arnaud à Batiscan, s 4 fév 1758 à Ste-Geneviève-de-Batiscan.
  • JEAN-BAPTISTE, b 23 avril 1685 à Batiscan, m 13 fév 1714 à Marie-Jeanne Baribeau à Ste-Anne-de-la-Pérade, s 29 janv 1738 à St-François, Ile-Jésus.
  • CHARLES, b 11 juil 1687 à Batiscan, s 18 sept 1689 à Batiscan.

La terre de François Dessureaux.

Plusieurs auteurs ont tenté de situer, sans grand succès il faut le dire, la terre habitée par François Dessureaux, l’ancêtre, celui qui venait de Bourgogne.

Les fausses pistes…

L’hypothèse la plus répandue nous semble provenir d’une carte de Jean-Marie Massicotte montrée dans le volume publié par E. Z. Massicotte et intitulé «Les pionniers de Ste-Geneviève-de-Batiscan» (Editions du Bien Public). On a tout simplement confondu l’ancêtre François Dessureaux avec son fils nommé aussi François, et attribué au père la terre du fils!

Une autre hypothèse se fonde sur la carte du Sieur Catalogne confectionnée en 1709. Selon certains auteurs cette carte situerait la terre de Dessureaux sur le fleuve St-Laurent à Batiscan, à peu près vis-à-vis l’extrémité sud-ouest de ce qui était alors l’île St-Éloi. Il faut bien lire sur cette carte Deruso et non Desuro. Cette terre appartenait à Trottier dit Desruisseaux. D’ailleurs ce coin de Batiscan était le fief des premiers Trottier.

Une piste à suivre: Madeleine Dessureaux et Pierre Baribeau-Beaupré…

Pourtant il existe des documents qui traitent de façon très explicite de la terre de notre ancêtre. Une étude attentive des contrats passés à cette époque entre les habitants de la «Rivière Batiscan» nous permet de situer avec précision l’endroit où François Dessureaux et Marie Bouard ont vécu.

Nous partirons d’un contrat passé en 1724, et à travers différents contrats, nous remonterons dans le temps jusqu’en 1670, année probable de l’arrivée de Marie Bouard à Batiscan. Puis nous referons l’histoire au fil des événements pour revenir en 1724. Ce sera un voyage aller-retour dans le passé lointain.

Le contrat de 1724 concerne une terre concédée à Pierre Baribeau dit Beaupré. Cette terre est montrée sur la carte de Massicotte mentionnée plus haut. À partir du fleuve, en remontant la rivière Batiscan en suivant la rive nord, on remarque que la neuvième terre est inscrite au nom de Pierre Beaupré; sa largeur est de sept arpents. Ce Pierre s’appelait aussi Baribeau dit Beaupré. Il était marié depuis 1708 à Madeleine Dessureaux, l’une des filles de François Dessureaux notre ancêtre.

Le 3 avril 1724, chez le notaire Normandin, Pierre Baribeau dit Beaupré se fait concéder par les Jésuites, Seigneurs de Batiscan, une terre de sept arpents. Il y habite depuis bientôt 24 ans. Pourquoi fait-il officialiser sa concession? Soit que les papiers de concession des premiers colons étaient perdus, soit qu’ils n’avaient jamais existé. Si ces papiers avaient été perdus, il aurait fallu que ce soit par les héritiers et aussi par les Jésuites. D’ailleurs, s’il y en avait eu, ils auraient pu avoir été passés entre les censitaires et Louis Dandonneau, Sieur du Sablé, et non pas avec les Jésuites. Nous reviendrons plus loin à cette particularité de l’histoire de la Seigneurie de Batiscan.

Quoiqu’il en soit, le 3 avril 1724, Pierre Baribeau dit Beaupré accepte une concession de sept arpents de large sur la rivière Batiscan par vingt de profondeur «appartenant autrefois au Sieur Pierre Quentin (Cantin) et à Jean Dessureaux, quatre arpents provenant dudit Cantin et trois de Dessureaux». Il est donc clair que la terre de Pierre Beaupré montrée sur la carte de Massicotte contient les trois arpents ayant appartenu autrefois à Jean Dessureaux.

D’autres contrats confirment notre hypothèse…

Quelques années plus tôt, dans un contrat de vente d’une île dans la rivière Batiscan par Mathurin Rivard à Jean Lariou dit Lafontaine par devant le notaire Trottain, le 5 novembre 1715, il est spécifié que l’île est sise et située vis-à-vis les habitations de Pierre Baribeau dit Beaupré et de Jean Dessureaux; ils étaient donc voisins en 1715. Cette île n’existe plus aujourd’hui.

Jean Dessureaux avait acheté des héritiers de François Dessureaux et Marie Bouard, c’est-à-dire de son frère et de ses soeurs, la terre qu’il occupait. Le contrat passé chez le notaire Trottain indique qu’il s’agit d’une terre de trois arpents donnant sur le devant à la rivière Batiscan par quarante (mot qu’on rature et qu’on remplace par vingt-et-un) arpents de profondeur et située entre les habitations de Pierre Baribeau et de Jacques Rouillard.

En remontant encore dans le temps, le 3 mars 1703, devant le notaire Trottain, Jean Boismené dit Laplante, le troisième mari de Marie Bouard, se fait concéder la terre qu’il occupe depuis plusieurs années. Il avait l’intention de la vendre et il avait besoin de papiers en règle. Il est spécifié au contrat qu’il s’agit d’une terre de neuf arpents de large sur la rivière Batiscan située entre les habitations de Jean Lariou et celle de feu François Dessureau. Ce François Dessureau ne peut être autre que l’ancêtre de tous les Dessureault.

En 1704 Jean Boismené dit Laplante vend sa terre à Mathurin Rouillard. (Contrat de vente, Trottain 18 février 1704). Un arpent de cette terre sera cédé ensuite à Jacques Rouillard, fils de Mathurin.

Nous avons donc suffisamment de données pour situer la terre habitée par le premier François Dessureault. Nous en ferons maintenant l’histoire à partir des débuts de Batiscan.

Les premiers colons de la rivière Batiscan…

Le territoire de Batiscan avait été concédé aux Jésuites en mars 1639. Les premiers colons s’installèrent en 1666 venant pour la plupart de la seigneurie du Cap-de-la-Madeleine, elle aussi concédée aux Jésuites. L’installation le long du fleuve est bien contrôlée par les pères Jésuites pour la partie située entre la Rivière Batiscan et la limite ouest près de Champlain. Ceci comprend l’île Saint-Éloi. On ne s’occupa pas à ce moment-là de la partie située à l’est de la rivière. Les pères Jésuites en avaient plein les bras des mécontentements et des revendications des colons déjà installés.

Dès 1670, des colons venus de différents endroits s’installèrent sur les terres donnant sur la rivière et non plus sur le fleuve. Les autorités ne s’y intéressèrent pas à ce moment-là. Cette façon de faire était assez courante. On s’installait; on réglerait plus tard les formalités qui impliquaient des cens et rentes à payer! Le colon retardait ses paiements; le seigneur voyait ses terres se développer et prendre de la valeur…

C’est ainsi que Jacques Antrade, le premier époux de Marie Bouard se choisit une terre sur la rivière Batiscan en 1670. Il décéda l’année suivante et sa veuve maria alors François Dessureaux, un bourguignon qui se trouvait à oeuvrer dans le même secteur. François se trouva par le fait installé sur la terre de son épouse en mars 1672.

Le «Petit Seigneur» de la rivière Batiscan.

Pendant ce temps, les Jésuites voyant le développement incontrôlé des rives de la Batiscan, décidèrent d’intervenir. Ils donnèrent en concession à Louis Dandonneau, Sieur du Sablé, originaire de Champlain, un immense territoire du côté nord-est de la rivière: quarante arpents à partir de la pointe Fortage allant vers le fleuve en suivant la rivière, par quarante arpents partant du même point et entrant dans les terres perpendiculairement à la rivière, soit une superficie de 1600 arpents carrés. (notaire Cusson, 20 décembre 1673) Ce Louis Dandonneau était un jeune homme de 19 ans en qui les Jésuites mettaient vraisemblablement beaucoup d’espoir. Il y avait déjà des colons sur ce territoire: François Dessureaux, Michel Lemay, Louis Bercier et bien d’autres. (Voir la carte «La rivière Batiscan vers 1680.)

Comme on pouvait s’y attendre, le jeune Sieur du Sablé ne s’occupa pas beaucoup de sa concession, qui était en fait un fief; il poursuivit ailleurs d’autres rêves bien plus grands. Alors les Jésuites voyant qu’il ne s’installait pas dans sa concession, comme l’exigeait son contrat de concession, décidèrent de lui retirer ses droits. Le contrat de délaissement fut passé chez le notaire Adhémar le 19 février 1682. Les Jésuites reprenaient leurs droits et devoirs seigneuriaux. Louis Dandonneau ne fut «petit seigneur de la rivière Batiscan» que pendant huit ans!

Tout ceci explique qu’au dénombrement de 1677 à Batiscan, le nom de François Dessureaux pas plus que ceux de Quentin ou Bercier n’apparaissent. Ce n’était pas un recensement comme tel mais un état des concessions sur la seigneurie, une liste de ceux qui avaient à payer des cens et rentes aux Seigneurs, les Jésuites. Le nom de Louis Dandonneau apparaît comme ayant à payer des rentes. François Dessureaux avait des devoirs envers Dandonneau; son nom n’avait pas à figurer sur ce dénombrement.

Les voisins de François Dessureaux.

Le recensement de 1681 fait mention de François Dessureaux avec son épouse, ses trois filles, ses trois arpents défrichés et un fusil. Curieusement le nom de Marie-Anne Antrade n’y est pas. Elle avait douze ans et était peut-être déjà en service domestique chez quelque riche propriétaire. François a pour voisins Pierre Quentin du côté aval, et René Chartier du côté amont.

Ce René Chartier ne demeura pas très longtemps à Batiscan. Vers 1684-1685, il déménagea à Lachine près de Montréal. En 1689 il y eut là un grand massacre de colons par les Iroquois. René Chartier et deux de ses enfants en furent victimes. Au moment de ce deuil, François Dessureaux n’était plus de ce monde. Les ossements des massacrés, ou ce qu’on croyait en être, furent découverts cinq annnées plus tard.

Sur la terre délaissée par Chartier, vint s’installer Jean Boismené dit Laplante que nous connaissons déjà.

Quant à Pierre Quentin ou Cantin, un célibataire, il était forgeron et faisait aussi office de huissier dans la région. Il ne cultiva pas beaucoup sa terre, pas plus que François; tous deux avaient en 1681 trois arpents défrichés. On dit qu’un bon colon défrichait au moins un arpent par année…

Ce Pierre Quentin est décédé en 1699, et Pierre Baribeau dit Beaupré prit possession de sa terre délaissée. Avait-il l’accord des Jésuites, ou avait-il obtenu des droits de Quentin, on ne le sait pas.

Marie Bouard se remarie…

Après le mariage de Marie Bouard avec son voisin Jean Boismené dit Laplante, le nouveau couple avait le choix d’aller vivre chez lui, ou chez elle. Il est tout à fait raisonnable de penser que Jean Boismené s’installa chez sa nouvelle épouse. Il était plus facile de le déménager lui que de déménager Marie et ses 7 ou 8 enfants. Jean Boismené vendra sa terre en 1704, et à partir de ce moment il est sûr que la famille demeurait sur la terre de feu François.

Les enfants grandissaient. Les filles se trouvèrent des emplois et se marièrent. François fils commença le défrichement d’une terre du côté sud-ouest de la rivière. Marie Bouard vieillissait et devait songer à assurer la suite de ses vieux jours. Il paraissait que Jean, le fils cadet, prendrait la terre et assurerait la sécurité de sa mère et de son beau-père encore jeune.

La terre passe a Jean-Baptiste.

Marie Bouard est décédée en 1712 et Jean Dessureaux acheta les parts d’héritage de son frère et de ses soeurs le 23 mars 1713 devenant ainsi le seul propriétaire de la terre. Le contrat passé chez le notaire Trottain indique qu’il s’agit d’une terre de trois arpents par vingt-et-un arpents «sur laquelle il y a une petite vieille maison et une vieille carcasse de grange et une vache estimée à 35 livres», le tout d’une valeur de 235 livres. Jean Dessureaux devra payer les dettes «que l’habitation se trouve être redevable à savoir»: 70 livres à Madame Dizy-Montplaisir et à ses enfants de Champlain, 36 livres 10 sols au Sieur Jean Baril (le beau-frère), 48 livres à la fabrique ou à Monsieur le curé de Batiscan pour les frais funéraires de la dite Bouard et pour la «rétribution de plusieurs messes», 4 livres pour le chirurgien. En marge du contrat on a ajouté 50 sols au bedeau, et un cercueil de 5 livres.

Après les dettes payées, l’héritage à distribuer est de 70 livres, soit 10 livres à chacun des héritiers, Marie-Anne Antrade comprise. C’était vraiment très peu après une quarantaine d’années de labeur en terre canadienne! Pour 10 livres, on pouvait alors acheter un cochon adulte ou un fusil. On se rappellera qu’à son premier mariage Marie Bouard avait apporté des valeurs se chiffrant à 300 livres!

Les Dessureaux eurent donc comme voisin à l’ouest, en amont: René Chartier (1680-1685), Jean Boismené dit Laplante (1685-1704), puis la famille Rouillard (1704-1719). Du côté est, ou en aval: Pierre Quentin (1680-1699) puis Pierre Baribeau dit Beaupré (1699-1719).

La terre passe au gendre Pierre Baribeau dit Beaupré.

Après avoir quitté de façon inattendue sa terre en 1716, Jean Dessureaux la vendit à son beau-frère Pierre Baribeau en 1719 pour 450 livres. (Contrat Trottain 4 octobre 1719). Il semble qu’en l’espace de trois ans, soit de 1713 à 1716, Jean avait ajouté 250 livres à la valeur de la terre paternelle. On est tenté de supposer qu’il y avait défriché beaucoup d’arpents et probablement construit une nouvelle maison et peut-être une grange. Si tel était le cas, son départ en 1716 pour aller s’établir à l’Ile-Jésus paraît encore plus surprenant.

Le terre de l’ancêtre François Dessureaux fut donc alors intégrée à celle de Pierre Baribeau dit Beaupré, époux de Madeleine Dessureaux. Et pendant ce temps, François Dessureau, le fils, défrichait sa terre de l’autre côté de la rivière, commençait sa famille, puis se mariait: les documents retrouvés disent que les événements se sont déroulés dans cet ordre.

Nous comprenons donc pourquoi le dessin de Massicotte ne montre pas le nom des Dessureaux sur le côté nord de la rivière, malgré le fait que leur présence en ce lieu ait duré quelque 47 ans. Le dessin représente les propriétaires en l’année 1730; la terre des Dessureaux appartenait alors à Baribeau-Beaupré qui l’avait acquise en 1719.

La paroisse de Ste-Geneviève de Batiscan fut fondée en 1726. La terre de Pierre Baribeau avait été intégrée à la nouvelle paroisse avec quelques autres du voisinage. En 1730, on se ravisera et elle retournera à la paroisse St-François-Xavier de Batiscan. Le document précise que la terre en question est à la limite de la paroisse de Batiscan. On peut maintenant affirmer que la terre de notre ancêtre correspond aux trois derniers arpents faisant partie de la paroisse de Batiscan sur la rive nord de la rivière du même nom.

Le métier exercé par François Dessureaux: Magasinier.

Divers auteurs ont parlé du métier ou de la profession de notre ancêtre et ils semblent unanimes: François Dessureaux aurait été soldat du régiment de Carignan, membre d’une compagnie commandée par le capitaine François de Tapie de Monteil de Clérac. Cette unanimité d’opinion vient de ce qu’ils n’ont pas eux-mêmes étudié le sujet se contentant de répéter l’erreur de Roy et Malchelosse, auteurs de «Le régiment de Carignan, son organisation et son expédition au Canada, Oficiers et soldats qui s’établirent en Canada», Éditeur G. Ducharme, Montréal, 1925)

François Dessureaux soldat? Une fable!

Affirmer que François était soldat soulève de nombreuses questions qui restent sans réponse. Citons-en quelques-unes.

  1. Pourquoi François Dessureaux, un Bourguignon, se serait-il enrôlé dans un régiment du Poitou?
  2. Que faisait-il, alors âgé de 33 ans environ, avec de tout jeunes soldats de 17 à 23 ans?
  3. La plupart des soldats ne savaient pas écrire; François possédait une très belle écriture. Pourquoi aurait-il exercé un métier ne correspondant pas à son instruction?
  4. On offrit une terre aux soldats de ce régiment à la fin de leur service pour les inciter à s’établir au Canada. Aucun document ne mentionne un octroi de terre à François Dessureaux. Pourquoi serait-il resté au Canada sans profiter d’un pareil privilège?
  5. Selon les auteurs qui prétendent que notre ancêtre fut soldat, son nom aurait été François Dessureaux dit Bourguignon dit Laplante. Pourquoi aurait-il eu deux surnoms? Ce n’était pas courant à cette époque pour un simple particulier.
  6. Pourquoi ne retrouve-t-on pas le nom de François Dessureau, ni de François Bourguignon, dans la liste des soldats du régiment de Carignan, mais seulement celui de Laplante?
  7. Qu’aurait fait François entre 1668, année de sa démobilisation, et 1672, année de son mariage? Certains auteurs disent qu’il travailla pour les Jésuites. Pourquoi ne retrouve-t-on aucun document pour appuyer cette supposition?

Ces questions sans réponse sont plus que suffisantes pour jeter un sérieux doute sur l’affirmation de Roy et Malchelosse. Aussi est-on amplement justifié de vouloir examiner leurs sources.

L’origine de la méprise.

Dans les années 1920, les historiens Régis Roy et Gérard Malchelosse se sont associés dans une recherche globale sur le régiment de Carignan. Une partie de leur étude visait à déterminer quels soldats sont restés au Canada et s’y sont établis. Ils ont publié les résultats de leur travail dans le volume que nous avons cité plus haut. A la page 108 de ce livre, il est écrit: «François Dessureaux dit Bourguignon dit Laplante, ref. Tanguay, vol I, page 192, faisant partie de la compagnie de Monteil.» Il faut noter cette référence au dictionnaire Tanguay; c’est sur lui seul que repose leur étude dans le cas qui nous intéresse.

Roy et Malchelosse connaissaient la liste des soldats du régiment de Carignan. La liste originale est publiée dans le PDRH (programme de recherche en démographie historique de l’Université de Montréal) et aussi dans les écrits de Benjamin Sulte. Cette liste mentionne un Laplante (probablement un surnom). Roy et Malchelosse voulant identifier ce Laplante, trouvèrent dans le dictionnaire Tanguay: François Dessureaux dit Bourguignon dit Laplante. Ils firent le lien: François Dessureaux, marié en 1672 à Batiscan était le soldat Laplante. La coïncidence du surnom Laplante fut acceptée par Roy et Malchelosse comme unique preuve de l’identité des individus. Une preuve bien fragile puisqu’il a pu exister plusieurs Laplante!

De plus une étude plus poussée de ce sujet aurait posé d’autres questions: Tanguay était-il justifié d’attribuer le surnom de Laplante à François Dessureaux? Quels sont les sources de Tanguay?

Mgr Tanguay n’a pas vérifié…

Mgr Tanguay ne donne aucune indication quant à ses sources. Il est évident qu’il puisait largement aux registres des paroisses. Nous avons accès à ce qui reste de ces documents et nous croyons avoir trouvé l’explication de la méprise de Tanguay qui lui a fait écrire que Dessureaux était surnommé Laplante.

Une coïncidence nous a paru suspecte: le fait que Marie Bouard aurait épousé successivement deux hommes ayant le même surnom, Laplante! En effet son troisième mari, Jean Boismené, était dit Laplante; et dans son cas plusieurs documents confirment ce surnom.

Au décès du deuxième mari, François Dessureaux, la plupart de ses enfants étaient très jeunes. Ils furent élevés par leur beau-père Jean Boismené dit Laplante. Il est fort probable que dans la vie de tous les jours ils furent souvent nommés Laplante. On en trouve la preuve au moins une fois dans un document officiel!

En effet, le 25 août 1714, Pierre Baribeau-Beaupré et Madeleine Dessureaux font baptiser une fille Françoise. Un nouveau curé vient d’être nommé à Batiscan, un Canadien de naissance, Gervais Lefebvre. Il ne connaît pas encore tout-à-fait les histoires de chacune des familles de sa paroisse. Toujours est-il qu’il croit que Madeleine est la fille du vieux Laplante puisque ce dernier vit chez sa belle-fille en cette année 1714. Et il inscrit l’enfant au registre comme fille de Pierre Baribeau-Beaupré et de Madeleine Laplante!

Cette erreur du curé Gervais aura suffi à Mgr Tanguay pour que tous les membres de la famille Dessureaux, y compris leur père décédé 26 ans plus tôt, se voient affublés du surnom Laplante. Pourtant aucun document n’a été retrouvé où ce surnom était associé à François Dessureaux de son vivant, alors que les preuves ne manquent pas au fait qu’il se faisait appeler Bourguignon, ou Le Bourguignon. Il en est de même pour les enfants de notre ancêtre, ce seul acte de naissance mis à part. Mgr Tanguay aura généralisé trop vite en reprenant l’erreur du curé Gervais, et sans prêter une attention suffisante au fait que le troisième mari était surnommé Laplante.

Puisque Roy et Malchelosse se sont basés sur Tanguay et que celui-ci a gobé l’erreur du curé Gervais, l’hypothèse qui veut que François Dessureaux ait été un soldat et soit arrivé avec le régiment de Carignan ne tient plus. La question de son métier reste entière: que faisait-il au Canada, et comment y est-il venu?

Le recencement de 1681 nous renseigne par ses silences…

On peut éliminer le métier de colon ou agriculteur, même si à cette époque beaucoup de gens en faisaient un second métier. En effet, on sait qu’il ne cultiva pas sa terre, ou plutôt la terre de sa femme. En 1681, au moment du recensement, il lui est déclaré 3 arpents cultivés. Il s’agit probablement d’arpents défrichés par Jacques Antrade, le premier mari. Entre 1672 et 1681, François aurait dû défricher normalement une bonne dizaine d’arpents s’il avait été cultivateur. Il s’était donc occupé à d’autres choses; mais à quoi?

Puisqu’aucune réponse n’a été trouvée dans les documents officiels, il faut procéder par déductions et par recoupements des informations disponibles. Les premiers indices nous viennent du contrat de mariage passé chez le notaire Cusson. Plusieurs personnes sont nommées et plusieurs signent.

Les proches de Marie Bouard et François Dessureaux.

Les témoins du côté de Marie Bouard sont Michel Lemay et sa femme Marie Dutost, qui habitaient sur les bords de la rivière Batiscan à cette époque. Ils déménagèrent par la suite à Lotbinière. Michel y fit la pêche à l’anguille.

François Fortage signe au bas du contrat, mais il n’est pas nommé comme témoin de l’une ou de l’autre des parties. Ce Fortage avait déjà possédé une terre donnant sur le fleuve St-Laurent. Mais il avait préféré aller vivre sur le bord de la rivière Batiscan. Il s’était installé sur une pointe de terre du côté sud-est de la rivière à quelque trois kilomètres en amont de son embouchure. À cet endroit auquel on donnera le nom de «Pointe Fortage», la rivière fait un angle d’environ 45 degrés vers la gauche quand on la remonte. Sa terre avait 4 arpents de large et elle était voisine de celle de Laurent Lefebvre. Fortage, un célibataire, ne cultiva pas beaucoup. Il participa probablement au commerce des fourrures pratiqué par son voisin et y aurait développé une relation d’amitié avec François Dessureaux. (Voir la carte «La rivière Batiscan vers 1680.)

François Fortage se fera concéder cette terre par les Jésuites le 4 mai 1697 chez le notaire Trottain. Cette terre de 4 arpents par 20 arpents de long ayant front sur la rivière Batiscan en allant vers les terres non concédées, donnait au nord-ouest à François Baribeau et au sud-est aux abouts non concédés des terres du fleuve. Il est dit que François Fortage habitait cette terre depuis longtemps.

François Fortage fait son testament le 31 décembre 1699. Il cède sa terre à Jean Lariou dit Lafontaine. On dit qu’elle est voisine de la terre de Jean Germain dit Magny. Jean Lariou vendra cette terre à Jean Baribeau le 20 octobre 1700 (contrat Trottain). C’est ce dernier nom qui apparaît sur la carte de Massicotte. C’est la terre portant le numéro 1. François Fortage était donc le voisin d’en face de Marie Bouard.

Les témoins pour François Dessureaux furent Pierre Reborel, Adrien Saillot et Laurent Lefebvre.

Reborel dit Morin était un coureur des bois qui habita successivement Batiscan, Sainte-Anne-de-la-Pérade et Grondines. Il s’est associé à divers notables de ces paroisses à titre de domestique, ce qui signifiait souvent coureur des bois à l’emploi de ces notables.

Adrien Saillot, qui signait d’une très belle main, était huissier au Cap-de-la-Madeleine et était plus particulièrement comptable et trésorier pour la Compagnie Barette et Lefebvre. Il épousera d’ailleurs une des filles de Guillaume Barette en 1679. Cette compagnie d’import-export, basée au Cap-de-la-Madeleine, envoyait des fourrures en France et recevait en retour des biens d’utilité courante comme des poêles, des haches, etc.

Laurent Lefebvre, personnage important dans le voisinage.

Laurent Lefebvre était un personnage plus important. Il s’agit du Lefebvre de la Compagnie Barette et Lefebvre. Il s’occupait particulièrement de l’approvisionnement en fourrures pour la compagnie. Il demeurait tantôt à Batiscan, tantôt au Cap-de-la-Madeleine. Il fit plusieurs voyages en France. Il possédait une concession de 2 arpents à Batiscan depuis 1666, mais ne cultivait pas lui-même. Le 10 juillet 1670, il loue cette ferme pour la culture à Pierre Renaud pour 5 ans. Il en fait de même à Jean Grimard en 1674. On verra plus tard qu’il avait des installations sur le bord de la rivière Batiscan, voisines de François Fortage. Cette propriété passera à Jean Barette, son filleul et héritier, par donation en 1692. Jean Barette la vendra à François Baribeau en 1698; ce dernier en fera donation à sa fille Catherine la même année. Cette Catherine épousera Jean Germain dit Magny en 1699. C’est le nom qui apparaît sur la terre numéro 2 de la carte de Massicotte.

Laurent Lefebvre avait donc une propriété en face de la maison de Marie Bouard. Il s’agissait probablement d’un comptoir ou entrepôt pour les fourrures descendant la Batiscan et pour les marchandises qui servaient comme monnaie d’échange. L’endroit était fort bien situé à cette fin.

François Dessureaux, commis ou magasinier.

François Dessureaux, après un séjour au Cap-de-la-Madeleine dans les magasins de Lefebvre, où il aurait connu Adrien Saillot, serait venu à Batiscan pour prendre charge du magasin de Lefebvre probablement en 1671. Il y travaillera toute sa vie comme magasinier, commis et comptable.

De l’autre côté de la rivière Marie Bouard devint veuve. Les fréquentations furent sans doute courtes. Le mariage eut lieu en mars 1672. Laurent Lefebvre est témoin pour son employé, et Saillot qui a fait le voyage à partir du Cap-de-la-Madeleine est témoin pour son ami et collègue de travail.

Ce scénario permet d’expliquer bien des coïncidences:

  • pourquoi Laurent Lefebvre et Adrien Saillot sont les témoins pour François Dessureaux;
  • pourquoi la terre de François Dessureaux, ou si on préfère la terre de son épouse, ne fut pas cultivée;
  • pourquoi Michel Dallaux, ex-domestique de Laurent Lefebvre, connaissait la famille et lui faisait confiance au point de se donner au couple Pierre Baribeau-Beaupré et Madeleine Dessureaux;
  • comment l’habileté de François Dessureaux à écrire, tout comme celle d’Adrien Saillot, avantage précieux à cette époque, devint son principal gagne-pain.

François Dessureaux serait venu au Canada probablement à l’été 1670 avec un contrat de travail chez Laurent Lefebvre. Le contrat aurait été passé chez un notaire de La Rochelle en France. Les études des notaires de cette ville faisaient aussi office de bureau de placement pour le Canada. Lefebvre y aurait placé une annonce et François, venu de sa Bourgogne lointaine, en aurait pris connaissance et serait venu en Nouvelle-France pour un terme de trois ou cinq ans. Mais le destin fit qu’il y trouva épouse et patrie!

Nous n’avons pas de preuves documentaires directes à l’effet que François Dessureaux était magasinier. En attendant que ce vide soit comblé, notre hypothèse présente l’avantage d’expliquer bon nombre de coïncidences dans la vie de notre ancêtre.

Marie Bouard et Jacques Antrade.

Au recensement de 1667, ni Marie Bouard ni Jacques Antrade ne sont signalés. Ils seraient donc arrivés tous les deux en 1668 et se sont mariés le 16 août à Québec. Le contrat de mariage avait été passé chez le notaire Lecomte le 10.

Premier domicile: Portneuf.

Le couple s’installa d’abord à Portneuf. Au baptême de leur fille Marie-Anne Antrade, le 30 août 1669 à Québec, il est dit qu’elle était née le 13 à Portneuf. Leur séjour à Portneuf ne dura pas très longtemps.

L’historien Archange Godbout, dans son ouvrage «Nos ancêtres au XVIIe siècle» dit que Jacques Antrade est décédé à Portneuf entre le 30 août 1669 (baptême de leur fille) et le 3 mars 1672 (remariage de Marie Bouard). A notre avis, c’est une déduction qui ne repose sur aucune preuve. L’acte de décès a été perdu; il est introuvable. René Jetté dans son «Dictionnaire généalogique des familles du Québec» reprend l’affirmation de Godbout, sans plus de preuve.

Le couple Antrade-Bouard s’installe à Batiscan.

Nous croyons que Jacques Antrade est décédé à Batiscan et qu’il y avait commencé son établissement. Notre hypothèse s’accorde avec la disparition des registres de cette époque à Batiscan et nous dispense d’avoir à expliquer pourquoi Marie, jeune veuve avec 2 enfants, aurait décidé seule de déménager sur une nouvelle terre non défrichée, en pleine forêt, sans maison et loin des voisins.

Les registres de la paroisse de Batiscan, s’ils existaient, nous indiqueraient les dates du décès de Jacques Antrade et de l’enfant dont on ne trouve plus mention. Cet enfant n’existe plus au rencensement de 1681.

Quand Marie Bouard se marie avec François Dessureaux, on dit qu’elle est de Batiscan, et ses témoins sont des résidents de Batiscan. De François, on dit qu’il est originaire de St-Pantaléon en Bourgogne. Marie vivait donc à Batiscan depuis quelque temps, probablement depuis 1670 ou 1671.

En 1670-1671, les pères Jésuites, Seigneurs de Batiscan, ne se préoccupaient pas encore de la colonisation de leur territoire situé au nord-est de la rivière Batiscan, à partir du fleuve et en montant. Ils venaient d’organiser les terres le long du fleuve entre la dite rivière et Champlain. En ce qui concerne les terres sur la rive sud-ouest de la rivière Batiscan, les premières qui étaient disponibles se trouvaient à 40 arpents et plus de l’embouchure de la rivière et présentaient énormément moins d’intérêt. Jacques Antrade fit comme beaucoup d’autres: il se choisit un lot sur la rive nord-est et s’y installa.

Jacques Antrade était le fils de Louis Antrade, laboureur, et de Louise Métayer. Il fut baptisé le 19 avril 1643 à St-André de Niort en Poitou, localité située à quelque 65 kilomètres de Baignoux, le lieu d’origine de Marie Bouard. C’étaient donc des gens d’un même pays, et peut-être parlant un même patois.

Plusieurs colons nous sont venus de Niort. Nommons en passant Jean Veillet, ancêtre des Veillette d’Amérique, qui arrivera en Nouvelle-France vers 1697, soit 25 ans plus tard. Jean Boismené dit Laplante, le troisième mari de Marie Bouard venait aussi de Niort.

À notre avis Jacques Antrade utilisait le surnom de Lafleur. Nous indiquerons plus loin les motifs de cette hypothèse. Jacques ne vécut pas assez longtemps en terre canadienne pour laisser sufisamment de traces de son utilisation de ce surnom.

Marie Bouard et Jean Boismené dit Laplante.

Jean Boismené dit Laplante, le troisième mari de Marie Bouard, était originaire de la ville de Niort, tout comme Jacques Antrade. A son mariage en 1689, il se dit âgé de 28 ans, donc né en 1651. Marie Bouard, au recensement de 1681, avait déclaré être âgée de 40 ans, et serait donc née en 1641. A notre avis, elle était un peu plus jeune de quelques années. De toute façon son troisième mari était plus jeune qu’elle.

Le couple Boismené-Bouard n’aura pas de descendance. Jean était le fils de François Boismené et de Jeanne Sauvestre. Sa famille connaissait peut-être la famille Antrade et aussi peut-être la famille Veillet. Comme déjà signalé précédemment Jean Veillet était aussi originaire de Saint-André-de-Niort. Marie Bouard aura donc marié deux compatriotes poitevins et un étranger, un bourguignon, François Desureaux.

Jean Boismené dit Laplante voisin des Dessureaux.

Nous connaissons de Jean Boismené dit Laplante deux contrats. Le premier fut passé chez le notaire Trottain lors de la concession de sa terre le 3 mars 1703. Le deuxième fut l’acte de vente de la même terre à Mathieu Rouillard dit Prénouveau (Pronovost) le 18 février 1704, passé aussi chez le notaire Trottain.

Bien que le contrat de concession date de 1703, Jean Boismené habitait sur cette terre depuis 1685 environ. Son intention de vendre l’obligea probablement à régulariser sa situation. Le contrat de concession précise qu’il s’agit d’une «habitation» de 9 arpents sise sur le bord de la rivière Batiscan, entre les habitations de Jean Lariou dit Lafontaine et celle de feu François Dessureaux. Il était donc le voisin des Dessureaux lors du décès de François. Marie Bouard maria donc son jeune voisin.

Boismené vend sa terre.

Après son mariage, Jean Boismené conservera sa terre, juste à côté, jusqu’en 1704. Le 18 février de cette année, il vend cette terre de 9 arpents à Mathieu Rouillard dit Prénouveau. Se faisait-il vieux à 53 ans, ou avait-il besoin d’argent?

Un boeuf d’une valeur de 80 livres, propriété d’un nommé Deau ou Dou, boeuf que Jean avait en «arbage» sur sa terre est mort, et suivant l’entente Jean devait au propriétaire la moitié de la valeur, soit 40 livres. Le propriétaire du boeuf avait transporté ses droits à Louis Fafard dit Longval, marchand. Au contrat de vente de la terre, il est spécifié que Rouillard devra payer 40 livres au Sieur Longval, à déduire du montant de la vente. Jean avait d’autres dettes. Les cens et rentes de sa terre n’avaient jamais été payés aux Seigneurs, les Jésuites: le montant exact n’est pas précisé. Il devait aussi 140 livres au Sieur St-Romain, marchand à Champlain. Rouillard s’engagea à payer ces montants qui seront déduits du prix de la vente. Le prix de la vente se chiffrait à 635 livres. Il restait donc une balance pour Jean Boismené, somme que Rouillard devait lui remettre à la St-Michel, tel que spécifié au contrat.

Le nom de Jean Boismené est mentionné dans deux autres documents. Le 19 octobre 1704, Mathieu Rouillard paie les 40 livres à madame Longval pour le boeuf, ce qui fait l’objet d’un contrat chez le notaire Normandin.

En 1726, Rouillard fait faire l’évaluation de ses biens fonciers: on précise alors que sa terre a été achetée de Jean Boymené en 1704. C’était le 25 juin 1726, chez le notaire Joseph Rouillard dit Fonville, frère de Mathieu Rouillard dit Prénouveau. On ne dit pas «feu Jean Boymené» ni «défunt Jean Boymené». On peut en déduire que Jean Boismené vivait encore en juin 1726.

Comme il a été mentionné auparavant, tous les résidents de la rive nord-est de la rivière Batiscan, à partir du fleuve, faisaient partie de la paroisse de Ste-Geneviève nouvellement érigée. En 1730, un certain nombre d’entre eux furent retournés à St-François-Xavier de Batiscan. Les premiers registres de Ste-Geneviève sont perdus. Comme on n’a pas retrouvé de trace des funérailles de Jean Boismené, on peut penser qu’il a quitté ce monde pendant cette période d’absence de registres. Il serait donc décédé entre juin 1726 et mai 1727, et ses funérailles auraient eu lieu à Ste-Geneviève.

Les fils de François Dessureaux et de Marie Bouard

François Dessureau.

Fils de François Dessureaux et de Marie Bouard, b 6 juin 1683 à Batiscan, m 16 mai 1718 à Élizabeth Bertrand dit St-Arnaud à Batiscan, s 4 fév 1758 à Ste-Geneviève-de-Batiscan. Cultivateur.

Sa femme:

  • ÉLIZABETH BERTRAND dit ST-ARNAUD, b 15 mars 1698 à Batiscan, fille de Paul Bertrand dit St-Arnaud et de Gabrielle Baribeau.

Ses enfants:

  • FRANÇOISE, b 30 mars 1718 à Batiscan, m 13 fév 1748 à Joseph Phlem dit Hivon à Ste-Geneviève, s 8 sept 1756 à Ste-Geneviève.
  • FRANÇOIS-XAVIER, b 9 mars 1720 à Batiscan, s 6 juil 1747 à Ste-Geneviève.
  • AGATHE, b 1 mai 1722 à Batiscan, m 24 janv 1752 à Antoine Rouillard dit Prénoveau à Ste-Geneviève, s 16 sept 1756 à Ste-Geneviève.
  • MARIE-JOSEPHTE, b 22 juin 1724 à Batiscan, m 7 janv 1758 à Jean-Baptiste Bertrand dit St-Arnaud à Ste-Geneviève, s 29 juil 1799 à Ste-Geneviève.
  • GENEVIÈVE, b 2 sept 1726 à Batiscan, m 20 fév 1757 à Alexis Thiffault à Ste-Geneviève, s 25 nov 1816 à Ste-Geneviève.
  • JEAN-BAPTISTE, b 13 janv 1728 à Ste-Geneviève, m(1) 20 juin 1763 à Catherine Massicot à Batiscan, m(2) 18 janv 1768 à Marguerite Rivard à Ste-Geneviève, s 15 nov 1772 à Ste-Geneviève.
  • JOSEPH, b 9 mars 1732 à Ste-Geneviève, m(1) 14 janv 1765 à Françoise Bertrand dit St-Arnaud à Ste-Geneviève, m(2) 20 août 1768 à Geneviève Massicot à Ste-Geneviève, s 30 sept 1797 à Ste-Geneviève.
  • MARIE-ANNE, b 14 fév 1735 à Ste-Geneviève, s 14 fév 1756 à Ste-Geneviève.
  • MICHEL-JOSEPH, b 14 avril 1738 à Ste-Geneviève, s 7 juil 1747 Ste-Geneviève.
  • JOACHIM, b 15 juil 1740 à Ste-Geneviève, m 28 janv 1765 à Angélique Massicot à Ste-Geneviève, s 28 juin 1817 à Ste-Geneviève.
  • LOUIS-AMBROISE, b 5 mars 1743 à Ste-Geneviève, m(1) 3 août 1772 à Elizabeth Brisson à Ste-Geneviève, m(2) 13 fév 1792 à Marie-Charlotte Baril à Ste-Geneviève, s 2 avril 1825 à Ste-Geneviève.

Notes historique sur François Dessureau.

Au printemps de 1705, on retrouve François Dessureau à Québec dans l’étude du notaire Chamballon pour signer un contrat d’engagement pour un voyage de transport de marchandises au Fort Pontchartrain du Détroit pour le compte des directeurs généraux de la Compagnie de la Colonie. Ce genre de transport supposait une force physique peu commune: on avait à faire de nombreux portages avec des charges de plus de 150 livres sur les épaules.

Voyage au Fort Pontchartrain.

François fera le voyage en compagnie de Jean Gendron, 31 ans et marié, Mathurin Pineau, 29 ans et célibataire, et de François Baribeau, 27 ans et lui aussi célibataire. Les deux premiers sont de Ste-Anne-de-la-Pérade et Baribeau est de Batiscan, comme François Dessureau, qui âgé de 22 ans était le plus jeune du groupe.

Le contrat passé le 5 mai 1705 est de forme standardisée pour tous les voyageurs et précise qu’il s’agit d’aller chercher des fourrures à Détroit. Chacun recevra pour son travail 110 livres et une peau de chevreuil «verte», c’est-à-dire non tannée. La Compagnie fournira la nourriture, mais les voyageurs devront fournir chacun un fusil, une hache et une couverte», et on leur interdit de faire la traite pour leur propre compte. François Dessureau, ou Dusureau comme il est écrit au contrat, passera donc l’été 1705 en voyage à Détroit.

Concession à François, fils.

François avait entrepris de défricher une terre depuis plusieurs années. Pourtant ce n’est que le 24 novembre 1710 qu’il signa son contrat de concession devant le notaire Normandin. Ce même jour, Jean Périgny, Gabriel Mongeau, Laurent Bronsard dit Langevin, Jacques Massicotte, prenaient eux aussi officiellement possession de leur concession.

Pour François, il s’agissait d’une terre de 6 arpents donnant sur la rivière Batiscan par 21 arpents en profondeur, «sise et située» entre les terres de Pierre Gouin vers le bas et Gabriel Mongeau vers le haut de la rivière.

En 1717, le 20 juillet, Pierre Gouin vendit sa terre à la veuve Jouineau dit Latulipe. Gabriel Mongeau avait déjà vendu la sienne le 2 octobre 1715 à François Baril.

Pierre Gouin déménagea sur le bord du fleuve à Batiscan en 1717, et il continuera d’être un ami constant de François Dessureau.

Rente à la fabrique de Batiscan.

Pendant qu’il était encore voisin de François Dessureau, Pierre Gouin qui était marguiller de Batiscan convainquit François de contracter une entente avec la fabrique et le curé pour assurer une rente de 10 livres par année à la paroisse. Cette rente annuelle et perpétuelle était liée à la terre et François reçut 200 livres en argent comptant en contrepartie. Cette transaction est conservée dans les greffes du notaire Trottain et datée du 12 janvier 1716.

François paya la rente pendant 18 années, puis il l’oublia pendant 7 ans. La fabrique réagit et pour compenser on rajouta 3 livres 15 sols à la rente annuelle et perpétuelle (contrat Joseph Rouillard, 20 mai 1742).

On peut se demander quel avantage représentait l’établissement de cette rente pour François. Avait-il besoin des 200 livres pour payer des dettes ou pour accélérer la mise en valeur de sa concession? La deuxième hypothèse est la plus probable, puisque les établissements religieux ne prêtaient qu’aux clients les plus dignes de confiance, ou si on préfère, les plus solvables.

François Dessureau avait pour voisin vers le haut de la rivière François Baril et Charlotte Gaillou sa femme, et du côté du bas Élizabeth Blanchon veuve Jouineau dit Latulipe. Ce seront ses voisins pour au moins vingt-cinq années.

Mariage de François, fils.

L’année 1718 marquera une nouvelle étape pour François Dessureau. Le 15 mai de cette année, il passe un contrat de mariage avec Élizabeth Bertrand dit St-Arnaud devant le notaire Trottain, et le lendemain le nouveau couple et leurs parents et amis se retrouvent à l’église. Le curé prit soin d’inscrire au registre: «leur ai donné la bénédiction nuptiale et ai légitimé Marie-Françoise leur fille née d’avant leur mariage». Il semble même que la petite âgée de six semaines était à l’église.

Le contrat de mariage devant notaire est beaucoup plus direct et aussi plus volubile. On y lit que François «pour surseoir toute poursuite faite à l’encontre de lui pour raison de la copulation charnelle qu’il avait eu avec Élizabeth Bertrand, fille de Paul Bertrand et de Gabrielle Baribeau ses père et mère aussi de Batiscan, icelle … … grosse d’une fille nommée Marie-Françoise et … qu’il avoue bien décrite, en attendant l’espérance du mariage dont il aurait flatté la dite Bertrand, laquelle fille il adopte étant être à lui appartenant comme étant provenue de son fait et dans l’intention du mariage qu’il lui a entrevu contracter, lequel cependant n’avait pu être fait jusqu’à présent attendu l’état de son (aspris?) ayant toujours été dans l’intention de l’exécuter comme de fait et étant être … pour icelle fille se nomme de son nom et étant dans les successions à échoir tant de François Dessureau que de la dite Élizabeth Bertrand et laquelle fille le dit Dessureau de sa part la dote comme leur légitime enfant la rappelant à leur succession future en conséquence de quoi … «.

On notera que dans les documents officiels, l’épouse de François Dessureau est nommée parfois Élizabeth, et parfois Isabelle Bertrand. A cette époque, ces noms étaient interchangeables. Dans les régions du nord de la France et en Angleterre, on préférait dire Élizabeth. Au sud, on disait plutôt Isabelle. En Espagne et au Portugal on disait Isabel. Nous utiliserons Élizabeth dans le présent ouvrage.

Les avoirs de François et Élizabeth.

Le couple François Dessureau et Élizabeth Bertrand recevra 224 livres en héritage lors du décès de la mère d’Élizabeth en 1732. C’était autrement plus important que les 10 livres que reçut François au décès de Marie Bouard, sa mère.

François Dessureau a possédé pendant cinq ans une terre à la rivière des Envies, territoire actuel de St-Stanislas. Cette terre mesurait 4 arpents de large par 30 de profondeur. Elle fut vendue, ou plutôt échangée à Joseph Thiffault et son épouse Josephte Baribeau, contre une portion de terre à Ste-Geneviève. Le contrat devant le notaire Pollet indique que la prise de possession par François Dessureau était faite par un billet du frère Leclerc, jésuite, daté du 2 mars 1730.

Le fils aîné de François et Élizabeth, nommé François comme son père et son grand-père, avait 22 ans et on songeait à l’établir. On lui vendit donc deux arpents de terre pris à même les six arpents de la terre paternelle. Ces deux arpents étaient pris du côté ouest, ou si l’on préfère du côté amont, et étaient contigus à la propriété de François Baril (contrat Rouillard, 4 janvier 1743). Ce François mourut quatre ans plus tard encore célibataire, et ses biens revinrent donc dans le patrimoine paternel. La terre redevenait une terre de 6 arpents et devait le rester pendant plusieurs années.

Donation à leur fils Joachim.

En 1757, François avait 74 ans et Élizabeth 59. Trois de leurs filles étaient mariées, et la dernière était sur le point de l’être. François et son épouse décidèrent d’assurer les années que la Providence voudrait bien leur accorder. Le 20 octobre de cette année-là, le notaire Rouillard rédigea leur contrat de donation en faveur de leur fils Joachim.

C’était un contrat relativement simple comparé à certains autres du genre. Tous les intéressés étaient gens de bonne entente, honnêtes et confiants. Joachim obtenait la moitié de la terre, soit une largeur de trois arpents du côté ouest de la terre et sur lesquels était la maison. Il obtenait aussi la moitié des meubles et des bâtiments incluant la maison, soit comme le notaire l’écrivit: «avecque la moquié des meubles et bâtiments». De son côté Joachim s’engageait à «nourir et entretenir les dits donateurs ses père et mère tant sains que malades et leur fournir de bons aliments dans leurs maladies et les faire enterrer dans le cimetière de leur paroisse et faire dire à chacun quarante messes basses de requiem pour le repos de leus âme» (sic). A la fin, on rajoute au contrat une clause qui rappelle qu’Ambroise est encore mineur et qu’il pourra habiter dans la maison en autant qu’il travaille.

Pour mieux comprendre le contexte de ce contrat, il convient de rappeler que Joachim n’avait que 17 ans, et Ambroise 14. Le contrat mentionne les cens et rentes dues aux Jésuites, les seigneurs de Batiscan, mais oublie de faire état de la charge de 13 livres 15 sols de rente envers la fabrique de Batiscan.

Quatre mois plus tard, François mourait.

Inventaire des biens.

L’aîné des garçons encore vivants, Jean-Baptiste, demanda qu’on fasse l’inventaire des biens de la veuve Dessureau sa mère. En effet, à cause de la manière dont le contrat de donation était fait, il fallait connaître la valeur des biens au moment du décès de François puisque Joachim en possédait la moitié.

Voici donc la liste des biens laissés par François Dessureau en l’année 1758, tel qu’il nous fut possible de la lire dans l’acte du notaire Rouillard daté du 5 avril.

  • Une table estimée à 1 livre 10 sols
  • Un poêle de brique avec plaques de fer 18 livres
  • Une huche 3 livres 10 sols
  • Une table 4 livres
  • 3 haches 2 livres 10 sols
  • Une tarière, un ciseau et des tenailles 3 livres 17 sols
  • Quatre terrines 1 livre 10 sols
  • Douze livres de … requérant tout la …23 livres 10 sols
  • Deux tarières «flaques» 5 livres
  • Une boîte de fer 1 livre 10 sols
  • Trois pioches 2 livres 5 sols
  • Quatre plats de terre estimés ensemble 1 livre 17 sols
  • Deux assiettes de terre 5 sols
  • Deux petits plats de terre 15 sols
  • Deux plats de terre 1 livre 10 sols
  • Trente assiettes de terre faïence 2 livres
  • Deux faux 5 livres
  • Un vieux fusil 6 livres
  • Deux bouteilles 1 livre 5 sols
  • Une bouilloire 7 sols
  • Une cruche 15 sols
  • Un harnais de la vieille jument
  • 11 livres 10 sols
  • Quatre faucilles 2 livres
  • Une vieille râpe 1 livre
  • Des lisses de carriole 4 livres
  • Une t… tout équipée 3 livres
  • Une vieille charrue toute équipée 10 livres
  • Une charette 8 livres
  • Une brouette 3 livres
  • Deux cents livres vaches (5 environ, ndr) 200 livres
  • Une «titore» 70 livres
  • Une jument 24 livres
  • Trois cochons 30 livres
  • Deux brebis 24 livres
  • Une génisse d’un an 15 livres

Ensuite vient la liste des titres et papiers importants:

  • le contrat de mariage passé devant maître Trottain, notaire royal,
  • la concession concédée par le Sieur Mongrain à François Dessureau en 1710,
  • la donation faite par le défunt et sa femme à Joachim Desureau.

Puis apparaît l’énumération des biens immeubles:

  • une maison de 28 pieds de long par 24 de large entourée de pieux et couverte de planches, planchers haut et bas,
  • une grange de 40 pieds de long par 20 de large entourée de pieux, couverte de paille,
  • une étable de 25 pieds de long par 18 de large entourée de pièces, couverte de paille.

Le document porte les signatures de Jacques Massicotte et du notaire Rouillard. Fait étonnant, il n’y a aucune référence à quelque dette ou à quelque rente qui serait au passif de cet inventaire.

Un fils, Joseph achète la moitié de la terre.

Au cours de la même année 1758, le 20 novembre, Joseph Dessureau achète les parts de l’héritage laissé par son père à Jean-Baptiste Dessureau, Antoine Rouillard veuf de Agathe Dessureau, Jean-Baptiste St-Arnaud époux de Marie-Josephte Dessureau, ainsi qu’à Alexis Thiffau mari de Geneviève Dessureau. La valeur de chaque part est établie à 200 livres. Le contrat fut passé devant le notaire Duclos. On y mentionne un déboursé de 800 livres. En marge, on ajoute «et pour à l’égard du fonds titré pour l’église de Batiscan dont la dite terre est chargée les dits héritiers…» C’est donc qu’on avait failli une fois de plus oublier cette rente à la fabrique.

Joseph Dessureau ne rachetait qu’une partie de l’héritage, puisque les héritiers étaient au nombre de huit. On peut donc estimer que les biens à partager se chiffraient à 1600 livres. Joachim, à lui seul en avait reçu tout autant puisque la moitié devait lui revenir. On peut dire que François était un cultivateur relativement riche pour son époque.

Le 5 janvier 1759, Joseph se porte acquéreur de la partie d’héritage revenant à Joseph Hivon veuf de Françoise Dessureau. Il donnera en échange une partie de terre qu’il possède sur la rive nord de la rivière Batiscan (contrat chez Duclos). Joseph est alors propriétaire des trois quarts de la moitié est ou aval de la «terre de six arpents», la terre paternelle.

La famille Dessureaux au moment de la conquête.

À l’automne de 1759 survenait la défaite des Plaines d’Abraham, et la chûte de Québec. En 1760 il y aura la dernière victoire du chevalier de Lévis à Sainte-Foy, puis la reddition finale… Et ce fut le début du régime anglais au Canada. François ne connut pas ces malheurs. Sa veuve et ses enfants durent s’y adapter graduellement au fil des années qui suivirent.

Au recensement de 1761, il y a une maison sur la terre au nom de Joachim et y vivent Élizabeth Bertrand, Joseph et Ambroise Dessureau, en plus de Joachim, bien sûr!

De son côté Jean-Baptiste Dessureau vivait seul sur sa terre à la rivière à Veillet, en amont du village de Ste-Geneviève. Il possédait cette terre depuis 1752.

Tous les Dessureault originaires de la «Batiscanie» et de la Mauricie, soit plus de 80 % des Dessureault connus, descendent de Joseph ou de Joachim. Jean-Baptiste et Ambroise n’ont plus actuellement de descendance portant le nom de Dessureault.

De son côté Élizabeth Bertrand vécut encore plusieurs années. On ne connaît pas la date de son décès. Les régistres de la paroisse de Ste-Geneviève sont pour la plupart perdus pour les années entre 1770 et 1780. Au mariage d’Ambroise en 1772, elle semble encore vivante, car on ne la dit pas décédée. Nous supposons qu’elle est morte entre 1772 et 1780, à un âge se situant entre 74 et 82 ans.

Jean-Baptiste Dessureau.

Fils de François Dessureaux et de Marie Bouard, b 23 avril 1685 à Batiscan, m 13 fév 1714 à Marie-Jeanne Baribeau à Ste-Anne-de-la-Pérade, s 29 janv 1738 à St-François, Ile-Jésus. Cultivateur.

Sa femme:

  • MARIE-JEANNE BARIBEAU, b 28 sept 1691 à Batiscan, fille de Louis Baribeau et de Madeleine Feuillon, s 15 nov 1776 à St-François. Elle épousera Joseph Brunet dit Belhumeur le 5 juin 1743 à St-François.

Ses enfants:

  • MARIE-JEANNE, b 4 déc 1714 à Batiscan, dite Jeannette, m 6 fév 1741 à Jean Brouillette dit Laviolette à St-François, s 8 juin 1777 à St-Martin, Ile-Jésus.
  • AUGUSTIN, b 5 sept 1716 à Varennes, s 3 juil 1732 à St-François.
  • MARIE-RENÉE, b 14 mars 1718 à Varennes, m 11 janv 1740 à Jean-Baptiste Charles dit Lajeunesse à St-François, s 22 déc 1754 à Ste-Rose, Ile-Jésus.
  • JEAN-BAPTISTE, b 14 déc 1719 à St-François, s 11 fév 1720 à St-François.
  • MARIE-MADELEINE, b 30 nov 1720 à St-François, s 16 sept 1721 à Ste-Anne-de-la-Pérade.
  • MARGUERITE, b 30 nov 1720 à St-François, s 28 août 1749 à St-François.
  • MARIE-MADELEINE, b 11 sept 1722 à Rivière-des-Prairies, m 5 nov 1742 à Louis Charles dit Lajeunesse à St-François, s 10 sept 1749 à St-François.
  • ANONYME, b et s 23 juil 1724 à St-François.
  • JEAN-BAPTISTE, b 20 juin 1725 à St-François, m(1) 20 janv 1749 à Marguerite Charbonneau à St-François, m(2) 26 juil 1773 à Marie-Thérèse Marié à Terrebonne, s 27 déc 1804 à St-François.
  • ANGÉLIQUE, b 23 juil 1727 à St-François, m 1 fév 1751 à Jean Charbonneau à St-François, s 26 sept 1807 à Ste-Thérèse-de- Blainville.
  • FRANÇOISE, b 3 août 1729 à Terrebonne, s 5 juil 1730 à St-François.
  • PIERRE, b 24 juin 1731 à St-François, s 22 mars 1733 à St-François.
  • PIERRE-FRANÇOIS, b 19 janv 1734 à St-François, s 23 oct 1749 à St-François.

Notes historiques sur Jean Dessureaux.

Bien que baptisé et marié sous le nom de Jean-Baptiste, il sera nommé Jean dans toutes les transactions qu’il fera autrement. Pour la suite de ce texte, nous le nommerons Jean.

Jean était donc le plus jeune de la famille de François et Marie Bouard, du moins si l’on ne tient compte que de ceux dont on connaît l’existence ou qui ont survécu. Jean n’avait que trois ans quand François, son père, est décédé. Il n’en avait donc aucun souvenir direct.

Toutes ses soeurs étant mariées et son frère aîné François possédant une concession de l’autre côté de la rivière Batiscan, il semblait entendu que Jean prendrait la relève sur la terre de sa mère, Marie Bouard. Il prit donc soin de sa mère jusqu’à sa mort en 1712.

Cependant il n’y avait pas eu donation de la mère à son fils, pour la raison que tous les enfants avaient des droits sur la terre, et celà en vertu du contrat de mariage passé entre François Dessureaux et Marie Bouard. Quand vint le temps de partager l’héritage, Jean acheta les parts de ses soeurs et de son frère, devenant ainsi le seul propriétaire du lot familial.

Jean achète la terre ancestrale.

Le contrat passé chez le notaire Trottain le 23 mars 1713 donne les détails de cette prise de possession. Le prix total a été fixé à 235 livres moins les dettes s’élevant à 165 livres, ce qui laissait une valeur nette de 70 livres à partager entre les sept héritiers: 10 livres à chacun! A cette époque, pour 10 livres on achetait un cochon adulte ou un fusil. Un héritage plutôt mince…

Jean se marie une année plus tard, soit le 23 avril 1714 à Marie-Jeanne Baribeau à Ste-Anne-de-la-Pérade. Le contrat de mariage avait été passé le 28 janvier 1714 devant le notaire Trottain. Marie-Jeanne est la fille de Louis Baribeau et de Madeleine Feuillon ou Filion, et la nièce de Pierre Baribeau dit Beaupré époux de Madeleine Dessureaux. Le Sieur de La Pérade est présent au mariage, probablement par amitié pour la famille Baribeau. Le premier enfant du nouveau couple naquit à Batiscan.

Jean quitte Batiscan pour l’Île-Jésus.

A l’été 1716, on retrouve Jean et Marie-Jeanne installés à St-François, alors la seule paroisse de l’Ile-Jésus. Que s’était-il passé? Peut-être que la nouvelle épouse avait eu quelques difficultés à s’adapter au beau-père Jean Boismené qui vivait encore sur la «vieille terre»? La jeune famille a probablement demeuré pendant quelques mois chez Marie Dessureaux à St-François, pendant que Jean cherchait aux alentours une terre à acquérir.

Grâce sans doute aux contacts de Marie-Jeanne qui avait des cousines mariées à des Séguin habitants à l’Ile-Jésus, le couple trouve finalement une «habitation» à acheter. Le contrat est passé chez le notaire Marien Tailhandier de Boucherville le 4 octobre 1716. Jean achète la terre de Simon Séguin dit Ladéroute. Cette terre est de trois arpents de large sur vingt arpents de profond donnant sur la rivière Jésus (des Mille-Iles). Cinq arpents carrés sont déjà cultivés; il y a aussi une grange. A l’origine, cette terre avait été concédée à la famille Éthier en 1700, puis vendue à Joseph Éthier en 1710 et à Simon Séguin en 1711.

En 1719, Jean, bien installé à l’Ile-Jésus, voulut se départir de sa terre de Batiscan. Il demanda donc à son beau-père Louis Baribeau de s’en occuper. Pendant son absence, son beau-frère Pierre Baribeau-Beaupré, propriétaire de la terre voisine, s’était occupé d’entretenir les lieux et avait pourvu au bien-être du beau-père Jean Boismené. Il était tout à fait naturel que Pierre Baribeau voulut acheter la terre de Jean. La vente eut lieu le 4 octobre 1719 devant le notaire Trottain pour la somme de 450 livres.

Les voisins à l’Île-Jésus.

Entretemps, en 1718, un certain Michel Marier avait acheté la terre voisine de Jean Dessureaux; ils seront pendant plusieurs années de bons voisins. Des mariages uniront les deux familles. D’ailleurs, le 10 novembre 1723, par contrat chez le notaire Coron, Michel Marier et Jean Dessureaux s’entendront pour creuser un fossé qui passera entre les deux terres et qui égouttera une baisseur sur chacune de leur terre.

En 1723, François Gipoulon, neveu de Jean, s’était aussi installé à St-François de l’Ile-Jésus. Le cercle des relations s’agrandissait.

En 1726, l’arpentage de cette partie de l’Ile-Jésus ayant été complété, le Seigneur offre en concession le surplus de terre au bout des vingt arpents déjà occupés par chacun. Le 9 avril 1726, Jean Dessureaux signe donc le contrat de concession pour la continuation de sa terre jusqu’à la ligne du milieu de l’Ile (contrat Coron).

Jean Dessureaux vécut paisiblement sur sa terre de St-François de l’Ile-Jésus. Il y mourut en 1738 à l’âge de 52 ans, laissant 7 enfants vivants. Sa veuve se remaria 5 ans plus tard. Elle mourra en 1776 à l’âge de 85 ans.

Un seul fils de Jean se maria et lui donna une descendance. De tous les Dessureault d’Amérique, environ 15 % sont issus de Jean. Plusieurs d’entre-eux portent le nom de Dussureau. Sa descendance se retrouve particulièrement à Montréal, dans la région de la Gatineau et au Vermont.

Jean Dessureaux fut identifié quelques fois sous le nom de Jean Bourguignon, particulièrement en 1713, au moment de l’achat des parts de l’héritage des autres membres de la famille. Il cessera l’usage de ce nom au fil des ans, et aucun de ses descendants ne l’utilisera.

Les filles de François Dessureaux et de Marie Bouard.

Catherine Dessureaux.

Catherine avait 29 ans quand elle épousa Jean Baril, un veuf ayant le double de son âge. Elle lui donnera 6 fils qui viendront s’ajouter aux 10 enfants qu’il avait eu de ses deux premiers mariages.

Après son mariage elle continuera à vivre à Batiscan, mais cette fois sur le bord du St-Laurent. En effet la terre qu’habitait Jean Baril était située tout près du confluent du St-Laurent et de la rivière Batiscan. C’était la deuxième terre à l’ouest de la Batiscan.

En vue d’installer ses nombreux fils, Jean Baril acheta, et quelques fois revendit, de nombreuses terres à Batiscan et à Ste-Anne-de-la-Pérade en particulier. Il possédait une terre de 5 arpents de large sur la rive nord de la rivière Batiscan, où il n’y avait pas de maison mais seulement une vieille grange. Cette terre faisait à peu près face à la terre concédée à son beau-frère François Dessureau sur l’autre rive.

Catherine, en tant qu’épouse d’un notable de la paroisse, fut une femme très en vue et probablement très appréciée aussi. Elle était souvent marraine dans sa propre famille Dessureau, dans la famille Baril et dans plusieurs autres familles. Sa présence est signalée également à plusieurs mariages.

Elle devint veuve à 59 ans, en 1724, et elle vivra encore environ 9 années sur la terre ancestrale des Baril. En 1730, elle avait fait donation de ses biens à son fils aîné Ignace, à la condition que celui-ci prenne soin d’elle jusqu’à sa mort. Ignace devait cependant assurer des compensations monétaires à ses frères et soeurs d’après un contrat assez élaboré passé devant le notaire Trottain le 5 mars 1730.

En 1733 Ignace meurt et sa veuve, qui pense à se remarier, n’est pas intéressée à garder sa belle-mère. Une entente survient entre les deux parties et Catherine doit alors trouver un autre arrangement pour assurer ses vieux jours. Cette fois, elle met à contribution ses 4 fils encore vivants. Mais dès 1735, son fils Ambroise meurt après une longue maladie, et est enterré à Batiscan. Catherine est donc contrainte d’aller vivre chez l’un ou l’autre des trois fils survivants, qui habitent alors la rive sud du St-Laurent.

Deux autres fils meurent, et Catherine doit transiger avec ses brus. Ses «vieux jours» seront assez bouleversés. Le dernier fils qui reste, Gervais Baril, intervient à l’occasion pour arbitrer certaines querelles.

A titre d’anecdote assez révélatrice de ces tribulations, voici un extrait des «Ordonnances des Intendants de la Nouvelle-France», la cour supérieure de cette époque. Une ordonnance datée du 27 juin 1748 «porte que la donation consentie par Marie-Catherine Dessureau, veuve de Jean Baril, habitant de St-Pierre-les-Becquets, à ses enfants Joseph Baril, Alexis Baril et Gervais Baril, sera exécutée selon sa forme et sa teneur, et en conséquence, condamne Marie-Josephte Adam, veuve d’Alexis Baril, à fournir à la dite veuve Baril la pension portée en ladite donation; cependant la fourniture de cinq pots d’eau-de-vie par année modérée à trois pots seulement et ce tant que durera la guerre».

Catherine est décédée quelques mois plus tard à St-Pierre-les-Becquets.

Voici la fiche de la famille du Sieur Jean Baril.

Jean Baril.

Venu de Saintonge (France), b 1646, m(1) contrat de mariage 13 déc 1673 à Marie Guillet, m(2) 25 mai 1684 à Élizabeth Gagnon à Ste-Famille, Ile d’Orléans, m(3) 22 mai 1704 à Catherine Dessureaux à Batiscan, s 9 fév 1724 à Batiscan.

Sa 1ère femme:

  • MARIE GUILLET, b 27 oct 1658 à Trois-Rivières, fille de Pierre Guillet et de Jeanne de St-Père, s 21 oct 1681 à Batiscan.

Ses enfants du 1er mariage:

  • MARIE-CATHERINE, b 1675, m 2 juil 1696 à Jacques Massicotte à Batiscan, s 13 oct 1752 à Batiscan.
  • LOUIS, b 1678, m 4 fév 1704 à Charlotte Trottier à Batiscan, s 21 avril 1732 à Ste-Anne-de-la-Pérade.
  • JEAN, b 8 août 1680 à Batiscan, m 4 fév 1704 à Judith Blanchet à Batiscan, s 11 déc 1729 à Ste-Anne-de-la-Pérade. (sieur Ducheny)

Sa 2ième femme:

  • ÉLIZABETH GAGNON, b 10 oct 1661 à Château-Richer, fille de Robert Gagnon et de Marie Parenteau, s 1 mars 1703 à Batiscan.

Ses enfants du 2ième mariage:

  • JOSEPH, b 22 sept 1685 à Batiscan. Vivait en 1729.
  • MATHURIN, b 11 janv 1688 à Batiscan, m 14 avril 1711 à Madeleine Gaillou à Batiscan. (sieur Baricourt)
  • FRANÇOIS, b 3 avril 1690 à Batiscan, m 11 fév 1716 à Charlotte Gaillou à Batiscan, s 16 juin 1759 à l’Hôpital de Montréal.
  • MARIE-ANNE, b 15 mai 1693 à Batiscan, s 6 déc 1708 à Batiscan.
  • JACQUES, b 29 août 1695 à Batiscan, m 19 août 1720 à Élizabeth Grenat à Batiscan.
  • PIERRE, b 23 déc 1697 à Batiscan, m 10 janv 1733 à Catherine Bourbeau à Bécancour.
  • JEAN-MARIE, b 21 fév 1700 à Batiscan, célibataire, s 20 juin 1767 à St-Pierre-les-Becquets.
  • ANONYME, b et s 18 avril 1702 à Batiscan.

Sa 3ième femme:

  • CATHERINE DESSUREAUX, b 1675, fille de François Dessureaux et de Marie Bouard, s 2 août 1748 à St-Pierre-les-Becquets.

Ses enfants du 3ième mariage:

  • IGNACE, b 14 fév 1705 à Batiscan, m 16 sept 1731 à Marie-Anne Adam à Ste-Anne-de-la-Pérade, s 15 sept 1733 à Batiscan.
  • ANONYME, b et s 10 janv 1707 à Batiscan.
  • JOSEPH, b 9 déc 1707 à Batiscan, m 3 nov 1735 à Marie-Anne Baribeau à Batiscan, s 2 août 1738 à St-Pierre-les-Becquets.
  • ALEXIS, b 18 oct 1709 à Batiscan, m 26 nov 1731 à Marie-Josephte Adam à Batiscan, s 16 janv 1746 à St-Pierre-les-Becquets.
  • AMBROISE, b 24 mars 1712 à Batiscan, s 5 juil 1735 à Batiscan.
  • ANTOINE, b 15 déc 1713 à Batiscan, s 25 déc 1727 à Batiscan.
  • GERVAIS, b 27 juin 1716 à Batiscan, m(1) 14 avril 1738 à Catherine Adam à Batiscan, m(2) 3 août 1761 à Catherine Auger à St-Pierre-les-Becquets, s 4 nov 1796 à St-Pierre-les-Becquets.

Documents:

  • Alexis Baril s’engage pour aller à Michilimakinac à l’été 1734 et à l’été 1735.
  • Gervais Baril s’engage pour aller à Détroit à l’été 1735 et à l’été 1736.
  • Testament d’Ambroise Baril le 26 juin 1735 devant le notaire Rouillard en la maison de la veuve de Jean Baril, sa mère. «Malade depuis deux ans et ne pouvant pas substituer pour les aliments qu’il lui faut» il dut vendre sa part d’héritage pour payer sa pension. Il mourra une semaine plus tard.

Marie Dessureaux dit Bourguignon.

Lors du mariage de Marie Dessureaux avec Jean Étienne-Pont dit Lamontagne en 1698 à Montréal, son témoin fut Louis Tétreau, cultivateur à Champlain et commerçant à Montréal. Louis Tétreau tenait donc deux domiciles. On peut supposer que Marie était domestique chez les Tétreau. On verra plus loin qu’elle connaissait bien le métier de domestique qu’elle exerça à Champlain puis à Montréal. On peut penser que sa soeur Françoise l’a remplacée à Champlain.

La famille de Jean Étienne-Pont s’est fixée à St-François dans l’île Jésus. À cette époque, il n’y avait qu’une seule paroisse dans toute cette île. Marie eut six enfants: deux sont décédés à la naissance, deux se marieront, et les deux autres resteront célibataires. Elle devient veuve vers 1720, et se remarie à Louis Simon dit Tourangeau dont elle n’aura pas d’enfant.

Il semble que son deuxième mari n’avait pas suffisamment de revenus pour entretenir sa nouvelle famille. Marie, âgée de 44 ans, et son fils Jean, âgé de 19 ans, s’engagent comme domestiques chez Joseph Labelle de St-François en 1722.

Marie semble être la seule des enfants Dessureaux à avoir utilisé régulièrement le surnom Bourguignon. En effet, à la vente des biens par les héritiers de Dessureaux et Marie Bouard à leur frère Jean en 1713, dans un billet qui accompagne le contrat devant le notaire Trottain, il est dit que Marie Bourguignon est présente et qu’elle cède à son frère Jean «tout ce qui peut lui revenir du patrimoine moyennant la somme de dix livres». On se rappellera que la succession avait une valeur nette de 70 livres, terre et maison comprises, à partager en sept parts.

En 1715 Jean Dessureaux s’installe lui-même à St-François près de sa soeur, et il vendra la terre familliale de Batiscan à son beau-frère, le mari de Madeleine Dessureaux.

Marie Dessureaux dit Bourguignon décède en 1733 âgée de 55 ans et probablement usée par la vie. Elle fut inhumée à St-François.

Son fils aîné, Raymond, était depuis quelques années fermier sur l’île Ste-Thérèse, en face de Varennes. C’est lui qui hébergera son frère et sa soeur restés célibataires. Nous n’avons pas trouvé de descendance portant le nom de Étienne ou de Pont. Peut-être y a-t-il de la descendance par les filles.

Voici la fiche de la famille de Jean Étienne-Pont dit Lamontagne.

Jean Étienne-Pont dit Lamontagne.

Fils de Jean Étienne et de Guillemette Pont de St-André, diocèse d’Agen en Guyenne, b 1668, m 4 nov 1698 à Marie Dessureau à Montréal, s avant 1721.

Sa femme:

  • MARIE DESSUREAU, b 1678, fille de François Dessureaux et de Marie Bouard. Elle épousera en secondes noces Louis Simon dit Tourangeau, le 7 janv 1721 à St-François, I. J. dont elle n’eut pas d’enfant, s 15 janv 1733 à St-François.

Ses enfants:

  • JEAN-RAYMOND, b 20 sept 1699 à Montréal, m 4 février 1722 à Anne Gaudry dit Bourbonnière à Varennes, s 6 mai 1744 à L’Assomption.
  • CATHERINE, b 23 et s 25 mars 1702 à Montréal, jumelle.
  • FRANÇOISE, b 23 et s 25 mars 1702 à Montréal, jumelle.
  • JEAN, b 26 avril 1703 à St-François, s 24 fév 1774 à L’Assomption.
  • MARIE-MARGUERITE, b 7 mars 1706 à St-François, m 19 sept 1729 à Jean-Baptiste Lemire à Varennes, s entre sept 1730 et août 1731.
  • MARGUERITE, b 22 avril 1708 à St-François, s 25 fév 1744 à L’Assomption.

Documents:

  • Jean Étienne dit Lamontagne était soldat de Monsieur Desbergères.
  • Marie Dessureau était associée à la famille de Louis Tétreau de Champlain et de Montréal. Louis Tétreau, cultivateur, fut témoin à son mariage.
  • Marie Dessureau engagée avec son fils Jean, à Joseph Labelle, le 31 mars 1722, pour deux ans.
  • Inventaire des biens de la communauté qui fut entre Jean Pont et Marie Dessureau le 2 nov 1724. (notaire Coron)
  • Contrat de mariage entre Louis Simon et Marie Dessureau le 9 janv 1721. (notaire Coron)
  • Louis Simon, s 11 juin 1740 à Sault-au-Récollets.
  • Louis Simon vend une terre de 1 arpent et demi à Jean Archambault le 13 mars 1724.

Madeleine Dessureaux.

Lors du mariage de Madeleine Dessureaux avec Pierre Baribeau, il y eut demande de «dispense de deux bans». La dispense fut accordée. Pourtant il ne s’agissait pas d’un mariage «pressé», du moins pas au sens où l’entendaient les mauvaises langues.

La veuve Marguerite LeGardeur de Tilly qui vivait à Batiscan depuis une dizaine d’années devait se remarier avec le Seigneur de St-Ours le 27 juillet 1708. Son premier mari qui l’avait amenée à Batiscan était décédé en 1700. Marguerite qui devait suivre son nouveau mari à St-Ours-sur-Richelieu, voulut offrir une belle noce à Madeleine Dessureaux. La date fut fixée au 4 août 1708.

Comme décidé, le mariage religieux eut lieu en avant-midi, la signature du contrat de mariage se fit en après-midi dans «la maison où demeure à présent Monsieur de St-Ours» et la noce se poursuivit le reste de la journée. Furent présents à la signature du contrat et témoins pour Madeleine: Monsieur de St-Ours, sa nouvelle épouse Marguerite LeGardeur, la soeur de celle-ci, Catherine LeGardeur épouse de Monsieur Pierre Sorel, le curé de Batiscan, et plusieurs autres. Du bien beau monde!

Pour expliquer le beau geste posé par Marguerite LeGardeur envers Madeleine Dessureaux en lui offrant un si beau mariage, nous ne voyons qu’une raison: Madeleine devait travailler chez Marguerite LeGardeur comme servante, et devait y être fort appréciée! Madeleine était certainement plus qu’une simple connaissance ou une amie.

On peut être tenté de croire que Madeleine Dessureaux inspirait confiance dans son entourage. Comment expliquer autrement le fait que Michel Dallaux, devenu veuf en 1711, se donne au couple Pierre Baribeau-Beaupré et Madeleine Dessureaux? (contrat Trottain, 28 octobre 1711) À mon avis, Madeleine et Pierre continuaient une tradition d’amitié qui remontait au temps où Michel Dallaux était arrivé à Batiscan, vers 1678-1680.

Dallaux fut d’abord domestique chez Laurent Lefebvre, ce même Lefebvre qui fut témoin au mariage de François Dessureaux. Comme il est très probable que François Dessureaux fut commis pour Laurent Lefebvre, Michel et François furent compagnons de travail jusqu’en 1688, année du décès de François. Michel serait resté ami avec la famille Dessureaux et le nouveau mari Jean Boismené dit Laplante. En se donnant au jeune couple de Madeleine Dessureaux et Pierre Baribeau, il ajoutait des liens contractuels aux solides liens d’amitié qui existaient déjà. C’est une hypothèse qui en vaut bien d’autres.

Les deux garçons de Pierre Baribeau dit Beaupré et de Madeleine Dessureaux ne se marièrent pas. Ils n’ont donc pas de descendance du nom de Baribeau ou de Beaupré. Les Beaupré de la Mauricie sont d’une autre lignée. Pierre Baribeau eut deux frères, Louis et Jean, qui ont connu une nombreuse descendance.

Voici la fiche de la famille de Pierre Baribeau dit Beaupré.

Pierre Baribeau dit Beaupré.

Fils de François Baribeau et de Périne Moreau, b 1 juin 1681 à Champlain, m 4 oct 1708 à Madeleine Dessureaux à Batiscan, s 28 avril 1755 à Ste-Geneviève de Batiscan.

Sa femme:

  • MADELEINE DESSUREAUX, b 21 sept 1680 à Batiscan, fille de François Desssureaux et de Marie Bouard, s 1 mars 1748 à Batiscan.

Ses enfants:

  • MARIE-JOSEPHTE, b 18 juin 1710 à Batiscan, m 31 oct 1734 à Jean Cossette à Batiscan, s 5 mai 1792 à Ste-Geneviève (de St-Stanislas).
  • THÉRÈSE, b 12 août 1712 à Batiscan, s 24 avril 1719 à Batiscan.
  • FRANÇOISE, b 25 août 1714 à Batiscan, m 13 février 1736 à Ignace Adam à Batiscan. À son baptême, sa mère est nommée Madeleine Laplante: de cette erreur du curé viendra la confusion qui fera dire à Mgr Tanguay que François Dessureaux portait aussi le surnom Laplante, lequel Laplante aurait été soldat du régiment du Poitou.
  • MARIE-MADELEINE, b 24 janv 1717 à Batiscan.
  • PIERRE, b 15 janv 1719 à Batiscan. Vivait en 1736.
  • GENEVIÈVE, b 17 juin 1720 à Batiscan, m 13 fév 1736 à Charles Dumont à Batiscan.
  • MICHEL, b , vivait en 1736.

Françoise Dessureaux.

Françoise Dessureaux s’est mariée à Champlain en 1699. Dans l’acte de mariage, on dit qu’elle habite Champlain et que ses parents sont de Batiscan. Que faisait-elle à Champlain? Peut-être était-elle domestique chez Louis Tétreau, vraisemblablement là où sa soeur Marie avait travaillé. Son beau-père Jean Boismené dit Laplante fut son témoin au mariage.

Parmi les filles Dessureaux, Françoise est celle qui eut le plus d’enfants: onze enfants vivants. Sa vie fut plutôt sans histoire. C’est elle qui atteindra l’âge le plus avancé parmi les enfants de François et de Marie Bouard. Elle quittera ce bas monde à l’âge de 76 ans.

Il est un fait qui mérite d’être souligné. Françoise Dessureaux est l’ancêtre de tous les Généreux d’Amérique. Chaque fois que quelqu’un s’identifie comme étant un Généreux, on est certain qu’il a du sang de notre ancêtre François Dessureaux. C’est le seul patronyme qui soit aussi clairement identifié aux Dessureaux. Ce n’est pas le cas des Baril, ni des Étienne-Pont dont le nom est disparu, ni des Baribeau qui descendent d’une autre lignée.

La famille Généreux est répandue dans l’ouest du Québec, dans le nord de l’Ontario, au Manitoba, et aux États-Unis.

Voici la fiche de famille de Pierre Généreux.

Pierre Généreux.

Originaire du diocèse de Limoges en Limousin, soldat de la compagnie de LaGroye, m 28 sept 1699 à Françoise Dessureaux à Champlain. Vivait en 1731.

Sa femme:

  • FRANÇOISE DESSUREAUX, b 1682, fille de François Dessureaux et de Marie Bouard, s 15 juil 1758 à Berthier-en-Haut.

Ses enfants:

  • JOSEPH, b 13 et s 22 déc 1700 à Trois-Rivières.
  • PIERRE, b , contrat de m 22 déc 1723 à Marie-Anne Latour.
  • GENEVIÈVE, b , contrat de m 4 fév 1720 à Pierre Enaud dit Fresnière, s 14 juin 1788 à Berthier.
  • FRANÇOIS, b 7 déc 1705 à Sorel, b François-Ambroise, m 20 août 1731 à Marie Beaugrand à Berthier, s 8 mars 1768 à Berthier.
  • ANTOINE, b 15 avril 1708 à Sorel, contrat de m 23 nov 1733 à Marie-Josephte Turcot. Vivait en 1767.
  • MARIE-FRANÇOISE, b 25 et s 29 juil 1710 à Sorel.
  • MADELEINE, b 16 juil 1711 à Sorel, contrat de m 13 mai 1734 à Jean Lavallée, s 19 juin 1795 à Berthier.
  • LOUIS, b 25 août 1713 à Sorel, contrat de m 3 fév 1739 à Marie-Rose Latour, s 24 juil 1799 à Berthier.
  • JEANNE, b 9 fév 1716 à Sorel. Vivait en 1740.
  • JOSEPH, b 28 avril 1718 à Sorel, contrat de m(1) 9 janv 1741 à Marie-Josephte Rivière, m(2) 22 nov 1762 à Angélique Enaud à Berthier, s 15 déc 1797 à Berthier.
  • JEAN-BAPTISTE, b 1720, contrat de m 19 mai 1742 à Marguerite Rivière, s 3 fév 1783 à Berthier.

Marie-Anne Antrade.

Lorsque François Dessureaux épousa Marie Bouard, le couple prit soin de faire préciser au contrat que «les enfants qu’a ladite Marie Bouard, future épouse, et ceux qu’ils auront si au cas Dieu leur en donne, seront tous égaux en fait de partage des biens de leur dite communauté sans qu’ils en puissent rien prétendre plus les uns que les autres».

Au partage des biens de la communauté en 1713, quelques mois après la mort de Marie Bouard, 25 ans après la mort de François, et plus de quarante années après la rédaction de ce contrat, la volonté des conjoints fut scrupuleusement respectée. L’héritage fut donc partagé en sept parties, six aux Dessureaux et la septième allant à Marie-Anne Antrade.

Marie-Anne Antrade est née à Portneuf et fut baptisée à Québec. Son père Jacques Antrade et sa mère Marie Bouard se fixèrent ensuite à Batiscan, soit vers 1670. (voir la section «Marie Bouard et Jacques Antrade» à la première génération)

Dans la liste des confirmés de Batiscan de 1681, apparaît le nom de Marie-Anne Lafleur, mais pas celui de Marie-Anne Antrade. Pourtant elle résidait bien à Batiscan et elle avait l’âge requis pour être présentée au sacrement. De plus on ne connaît pas de famille Lafleur à Batiscan à cette époque. Tout laisse à penser qu’il s’agit de la même Marie-Anne.

Curieusement, certains des enfants de Pierre Gipoulon et de Marie-Anne Antrade porteront le surnom de Lafleur. Gipoulon était surnommé Montauson. Sur son vieil âge on l’appellera aussi Lafleur, à titre de père d’enfants nommés Lafleur. Ce surnom aurait-il été donné par Marie-Anne à ses enfants pour honorer son père dont le patronyme allait s’éteindre? Un pareil cas s’est produit dans d’autres familles. Nous croyons que Jacques Antrade portait aussi le surnom de Lafleur.

Marie-Anne Antrade vivait encore en 1736: elle avait alors 67 ans. Son mari, un pionnier de Grondines, mourut à un âge très respectable: environ 93 ans.

Voici la fiche de famille de Pierre Gipoulon dit Montauson.

Pierre Gipoulon dit Montauson.

Fils de Jean Gipoulon et de Catherine Lantué de Laurenque, commune de Gavaudon, évêché d’Agen en Guyenne, b 1659, m 3 fév 1688 à Marie-Anne Antrade à Batiscan, s 25 juil 1754 à Grondines à 93 ans.

Sa femme:

  • MARIE-ANNE ANTRADE, n 13 à Portneuf et b 30 mars 1669 à Québec, fille de Jacques Antrade et de Marie Bouard. Vivait en 1736.

Ses enfants:

  • MARIE-MARGUERITE, b 12 fév 1689 à Batiscan, s 8 mars 1689 à Batiscan.
  • MARGUERITE, b 29 juil 1690 à Batiscan, célibataire, s 4 déc 1717 à Varennes. (Son oncle Jean Dessureaux fut présent à son inhumation)
  • ANONYME, b et s 4 déc 1692 à Batiscan.
  • FRANÇOIS, b 28 fév 1694 à Ste-Anne-de-la-Pérade, m 21 août 1719 à Jeanne Lebert à St-François, I.J., s 2 fév 1747 à Ste-Rose, I.J.
  • ALEXIS, b 5 août 1696 à Grondines, m 18 août 1721 à Catherine Lussier à Varennes, s 5 janv 1771 à Verchères. Il est dit Lafleur.
  • JOSETTE, b 22 mars 1699 à Grondines, nommée Joseph au baptême, m 30 janv 1730 à Jean Grignon à Grondines. Vivait en 1762.
  • MADELEINE, b 8 oct 1701 à Grondines, m 13 janv 1724 à Jacques Renaud dit Locat à Grondines, s 25 déc 1763 à Grondines.
  • MARIE-ANNE, b 22 mars 1704 à Grondines, célibataire. Vivait en 1762.
  • JEAN-BAPTISTE, b 23 nov 1706 à Grondines, d avant 1762.

Documents:

  • Une Marie-Anne Lafleur est confirmée à Batiscan en 1681, à 12 ans. Il s’agit très probablement de Marie-Anne Antrade.
  • Partage des biens entre les héritiers le 5 août 1762. (contrat Duclos)
  • Concession d’une terre de 4 arpents de large le 8 nov 1703, située entre celles de Roch Ripau dit Rollet et de Jacques Renaud dit Locat.

 

 

By René Arbour

Management certificate of Credit Card (New York - 1983-84) Bac Administration , Security for the people (Minesota 1984)