Histoire de »La bataille de la coulée Grou»

La bataille de la coulée Grou

Mercredi 25 août 2010

On a  peu parlé dans nos livres d’histoire de la bataille de la Coulée Grou. Pourtant, plusieurs de nos aïeux parmi les pionniers de Montréal y ont participé et y ont trouvé la mort . Dans nos familles, tant du côté des Vaillancourt, des Lapierre que des Chartrand ou des Poitras, nous avons des ancêtres présents à Pointe-aux-Trembles lors de cet événement. Ils étaient tous agriculteurs.

Depuis la fondation de Ville-marie en 1642, les  habitants devaient faire face aux attaques répétées des  Iroquois. La prudence les obligeait à être toujours armés quand ils sortaient pour cultiver leurs champs.

En 1687, après une trêve d’une dizaine d’années, la guerre reprend. Pourquoi ? Le fait que l’intendant Champigny, sur les ordres du gouverneur Denonville, venait de faire  prisonniers une délégation de chefs indiens pour les envoyer aux galères en France[1], n’était peut-être pas étranger à cette reprise des hostilités.

Deux ans plus tard, dans la nuit du 4 au 5 août  1689 avait lieu le massacre de Lachine. Quelque 1500 guerriers attaquaient et  tuaient 24 colons et en capturaient plus de 60 autres. Les captifs ne seront jamais revus. Les habitants sont terrorisés.

Puis, le 9 août, à Pointe-aux-Trembles, les iroquois tuent Pierre Dagenais et Anne Brandon (nos ancêtre côté Vaillancourt et côté Lapierre). Le moulin de Rivière-des-Prairies est assiégé. Le 17 août suivant à Lachenaie est inhumé le corps d’une autre ancêtre côté Lapierre et côté Chartrand Marie Thérèse Hunault épouse de Guillaume Leclerc. Elle a été trouvée morte dans la grange après avoir été tuée par les Iroquois.

D’autres escarmouches aux conséquences dramatiques ont lieu à cette époque. En octobre, des Français font subir une défaite à un groupe de 22 Iroquois en canots sur le lac des Deux-Montagnes. En novembre, les Iroquois  massacrent des colons à Lachesnaye et sur l’île Jésus.

C’est dans ce climat de tension que va se dérouler, un an plus tard en 1690,  la bataille de la coulée Grou. L’historien Lionel Groulx, lui-même descendant de Jean Grou  raconte ainsi les faits :

«Un matin du 2 juillet une troupe de cent Indiens est signalée le long de la rivière des Prairies(…) Déjà les habitants accourent, la hache et le fusil à la main, chez Jean Grou qui a le fort sur sa terre, dans le bois, en arrière de sa coulée. Il y a là, ce matin de juillet, tous les hommes de la côte, et parmi eux, pour les commander, le sieur Colombet. Ils sont environ vingt-cinq(…) Sans perdre une minute, Colombet et les autres se portent sur le bord de la grève et tirent les premiers coups. Quatre canots ennemis chavirent dans le courant. Surpris, les Iroquois poussent vers la rive et mettent pied à terre. Alors un combat furieux s’engage, corps à corps, sous le bois, le long de la coulée.

Colombet essaie, mais en vain, de rallier ses hommes vers le fort. Les Français se battent en héros. Trente ennemis sont abattus; le reste prend la fuite. Les nôtres perdent quinze hommes dont cinq prisonniers, parmi lesquels Jean Grou. Le soir même, par peur des Iroquois, disent les vieux registres de la Pointe-aux-Trembles, l’on enterra sur place, près de la coulée de Jean Grou, les corps des Français tués. Quelques jours plus tard, en présence du Père Millet, Jean Grou et quatre de ses compagnons étaient brûlés chez les Onneyouts. »

Extrait du registre de Pointe-aux-Trembles de 1694

Voici la liste des combattants connus. Les noms qui figurent en couleur sont nos ancêtres Vaillancourt, Lapierre, ou Chartrand. En cliquant sur ces noms, vous aurez accès à la lignée qui mène jusqu’à nous.

Morts sur le champ:

1. De Colombet, commandant

2. Jean Jallot, chirurgien

3.Guillaume Richard dit Lafleur, capitaine de la milice de la Pointe-aux-

Trembles  (ancêtre côté Chartrand) 49 ans environ il avait 8 enfants.

4. Joseph Cartier dit Larose (ancêtre du côté Vaillancourt) 43 ans. Il a eu cinq enfants dont
deux étaient décédés en bas âge

5. Jean Beaudoin, fils (fils de Jean Beaudoin, ancêtre côté Chartrand et Poitras)

6. Pierre Masta,  (18 ans fils de  Mathurin Masta ancêtre du côté Lapierre). le plus jeune combattant connu de cette bataille.

7. Jean Delpué dit Parizot (ancêtre du côté Chartrand) 42 ans père d’une famille de huit enfants.

8. Nicolas Joly (ancêtre du côté Lapierre) 42 ans environ.Il laisse quatre enfants vivants.

9. Un engagé du Grand Beauchamp

10. Isaac, soldat

Faits prisonniers et brûlés:

11. Joseph de Montenon, sieur de la Rue

12. Jean Raynault dit Planchard (ancêtre du côté des Lapierre) 42 ans . 6 enfants vivants.

13.  Jean Grou (ancêtre du côté des Vaillancourt  Jean Grou et du côté des Lapierre Jean Grou) . 7 enfants vivants.

14. Paschange (Bertrand de Rennes)

15. Le Bohême (Gaspard Dargan)

Fait prisonnier puis relâché:

16. Pierre Payet dit Saint-Amour (ancêtre du côté Poitras). Âgé de 49 ans au moment de la bataille. Père de 8 enfants dont 7
vivants;  il fut emmené au pays des Onneious, puis relâché 3 ans plus tard, soit en 1693. Son fils Claude a été baptisé en 1691 comme enfant posthume, car on croyait son père mort chez les Iroquois. Après son retour, il eut 5 autres enfants

Blessé (peut-être):

17. Antoine Chaudillon, chirurgien

D’autres combattants ont participé à cette bataille, mais on n’a pu tous les identifier. François Fortin dit Plermel (ancêtre du côté des Lapierre) pourrait fort bien être un de ceux-là puisqu’il habitait cet endroit et qu’il est décédé en juillet 1690. L’acte de décès n’a pas été retrouvé.

 

Ancien monument dédié aux victimes de la bataille de la coulée Grou

Une plaque commémorative  a été posée sur les lieux de la bataille. Cette plaque qui a été volée il y a quelques années n’a pas encore été remplacée par la ville de Montréal. On pouvait y lire l’inscription suivante :

«Coulée Grou. Le 2 juillet 1690, le lieutenant réformé de Colombet à la tête de vingt-cinq hommes, attaqua un parti d’une centaine d’Iroquois, près de ce lieu. Il y fut tué avec neuf de ses hommes, dont le Sieur Montenon de Larue et le chirurgien Jalot. Le concessionnaire de cette terre, Jean Grou, tige de la famille canadienne de ce nom et trois de ses compagnons emmenés en captivité, furent brûlés vifs en pays Iroquois.»

 

Marie Vaillancourt


[1]JOLY, Jean, Le combat de la coulée Grou ; 300 ans déjà, Mémoires de la société de généalogie canadienne-française, Vol. 41, cahier 184, p107.

By René Arbour

Management certificate of Credit Card (New York - 1983-84) Bac Administration , Security for the people (Minesota 1984)