Charles Orillon dit Champagne, un Acadien réfugié au Québec

Charles Orillon dit Champagne, un Acadien réfugié au Québec

Dans la tourmente du Grand Dérangement (1755-1763)

mardi 1er mars 2005, par Michèle Champagne

Charles Orillon dit Champagne, né en 1713 en Acadie, se réfugie au Québec pour échapper au « Grand Dérangement » de 1755 : la déportation des Acadiens par les Anglais. Trouvant refuge au Québec (Canada), les Orillon dit Champagne sont considérés comme l’une des familles pionnières Acadiennes de la région de Nicolet, située près de Trois-Rivières. Son père, portant le même prénom, Charles (Orillon), est Français d’origine, natif de la ville de La Flèche (département de la Sarthe aujourd’hui). Ainsi, une descendance prendra racine au Québec… Jusqu’à ma génération, et au-delà.

Charles Orillon dit Champagne, désigné par Charles (fils) pour le distinguer de son père (prénommé également Charles), pousse son premier cri le 7 août 1713 à Annapolis Royal, anciennement Port-Royal, en Acadie. Son père est Charles Orillon dit Champagne, Français d’origine, natif de la ville de La Flèche, du département de la Sarthe (duché d’Anjou à l’époque). Sa mère se prénomme Marie-Anne Bastarache, d’origine Basque. Le 22 septembre 1734, Charles (fils) Orillon épouse à Port-Royal une jeune fille, Marie-Anne Richard. Une famille prend alors racine autour de onze enfants.

D’où lui vient son surnom ?

Ce sobriquet indique probablement l’origine géographique de l’ancêtre, Charles Orillon, celui qui quitta la France pour gagner les rives du Nouveau Monde. Plusieurs communes situées sur le territoire de la Champagne Mancelle, près de la ville de La Flèche, sont nommées de l’épithète « en Champagne », de par leurs anciens ressorts féodaux.

Vers un refuge : le Québec

Charles Orillon (fils) passe la première moitié de sa vie à Annapolis Royal. Il est témoin des batailles entre les Français et les Micmacs contre les Anglais pour reconquérir l’Acadie Française. Lors du « Grand Dérangement  », expression qui désigne la déportation des Acadiens par les Anglais, de 1755 à 1763, Charles Orillon (fils) se réfugie dans les bois de la rivière Saint-Jean (aujourd’hui Nouveau-Brunswick) avec quelques familles dont les Boudreau et les Pitre, vivant de chasse et de pêche, dans la plus grande misère. Ses frères Pierre et Jean-Baptiste sont déportés en Nouvelle-Angleterre, son frère Joseph trouve refuge en Louisiane à Saint-Jacques de Cabahannocer, sur la rive ouest du Mississipi (à une soixantaine de milles de la Nouvelle-Orléans), et son autre frère prénommé Jean-Baptiste s’installe à Belin la Bombarde – contrée sous la tutelle de la France à l’époque – qui correspond aujourd’hui à Haïti.

Charles Orillon (fils) fait partie de la première vague des 2 000 Acadiens qui sont arrivés au Québec après le « Grand Dérangement ». Aidés sans doute par l’abbé Le Guerne, les Acadiens de ce premier groupe traversent la Baie Française pour atteindre la rivière Saint-Jean et de là ils se dirigent à travers les bois vers le camp de l’Espérance à Miramichi.

Le lieutenant Boishébert y installa un campement et aida les réfugiés à gagner la ville de Québec par le fleuve Saint-Laurent. Charles Orillon (fils) est à Québec en 1759 comme en témoignent les mariages de ses filles, Félicité Orillon qui prit comme époux Athanase Boudreau à Québec le 7 mai de la même année ainsi que Marie-Josephte Orillon qui épousa Michel Pitre à Québec le 14 mai. La vie à Québec est difficile pour les Acadiens.

Charles Orillon (fils) quitte alors Québec avec les familles alliées Boudreau, Pitre, pour échapper à la misère et à l’épidémie de variole qui décima des milliers de personnes à Québec.

Charles Orillon (fils) met alors le cap vers la région de Bécancour (près de Trois-Rivières au Québec) avec les familles alliées mentionnées ci-dessus. Pourquoi a-t-il choisi Bécancour ? Peut-être avait-il déjà de la famille installée dans la région : l’oncle de son épouse, Joseph Richard était à Bécancour en 1758, son oncle Jean Bastarache était à Yamachiche en 1759.

Toujours est-il qu’il y reste quelques années pour s’établir par la suite à Nicolet (près de Trois-Rivières). Après la mort de son épouse, Marie-Anne Richard en 1762, il convole en secondes noces un an plus tard. Le 27 juin 1763, il prend comme épouse Marie Métis Doucet.

Le second prénom de sa deuxième épouse ne fait pas l’ombre d’un doute sur son origine autochtone. Le 4 avril 1767 il obtient la concession d’une terre de 4 arpents sur 25 qui lui coûte 9 livres de rente et 3 sols de cens par année. Cette terre est située à l’Ile-à-la-Fourche. Il partage cette concession avec ses fils dont l’un est prénommé également Charles et Jean-Baptiste.

Ils ont le droit de chasser et obligation de défricher, d’entretenir les bâtiments et les chemins, de fournir le bois pour l’église, le presbytère, le moulin et les vaisseaux du roi en bois de chêne. Vingt-ans après son arrivée à Nicolet, Charles Orillon (fils) possède toujours la même surface de terre avec une maison et une grange. Charles Orillon (fils) rend son dernier souffle le 19 mars 1790, à l’âge de 77 ans, à Nicolet.

Les Orillon dit Champagne figurent dans la liste des familles pionnières Acadiennes au XVIIIè siècle. Ils ont élu domicile à Nicolet où ils sont considérés comme l’une des familles souches Acadiennes de la région. Une rue à Nicolet porte le nom de Charles Orillon en sa mémoire, et une rue à Bécancour est nommée « Champagne » en raison des nombreux descendants.

Archives :

Répertoire des baptêmes, des mariages et sépultures de la paroisse de St-Jean-Baptiste de Port Royal, 1702-1755.

Répertoire des mariages de la Cathédrale St-Jean-Baptiste de Nicolet, 1719-1960.

Monographies et autres :

Monseigneur Louis Richard, Les familles acadiennes de la région de Trois-Rivières, Société de généalogie de la Mauricie et des Bois Francs, 1990.

Pierre-Maurice Hébert, Les Acadiens du Québec, Montréal, Editions de l’Echo, 1994.

Stephen White. Dictionnaire généalogique des familles acadiennes. Centre d’études acadiennes, Université de Moncton, 1999.

 

By René Arbour

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