Terre-Neuve- Descendance française 1623

Nous étions établis à Terre-Neuve depuis longtemps quand l’arrangement intervenu en 1662 entre le roi de France et le roi d’Angleterre Charles II reconnut aux Français la possession des terres situées à l’Ouest du cap Sainte-Marie. Il n’est donc pas étonnant que nous trouvions à Terre-Neuve, sur les confins occupés autrefois par les Français, toute une toponymie rappelant notre long séjour sur cette terre.

 

emaillivre

TERRE-NEUVE. Survivances françaises à Terre-Neuve.

 

 

Nous étions établis à Terre-Neuve depuis longtemps quand l’arrangement intervenu en 1662 entre le roi de France et le roi d’Angleterre Charles II reconnut aux Français la possession des terres situées à l’Ouest du cap Sainte-Marie. Il n’est donc pas étonnant que nous trouvions à Terre-Neuve, sur les confins occupés autrefois par les Français, toute une toponymie rappelant notre long séjour sur cette terre.

 

Entre autres, les noms de Brehat, Conche, Croque, Gouffre, Marquise, la Pierre, les anses au Loup, à l’Eau, aux Barques, au Bois, Claire, sont les plus connus. Il n’est pas de découpure de l’île qui, de Sainte-Marie à Port aux Basques, n’ait porté ou ne porte encore un nom français.

 

Beaucoup de ces noms ont été modifiés. Il faudrait une étude spéciale et longue pour arriver à retrouver dans chacun de ces noms sa première forme française ou normande. Si quelques vocables purement français ont disparu, d’autres sont restés sous une forme anglaise comme HarbourGrace (Le Havre de Grace), Carbonear (Charbonnier), etc.

 

En ce dernier lieu nos pêcheurs venaient renouveler leurs provisions de charbon. Ce n’est pas feulement sur les côtes sud de l’Ile que se sont établis de préférence nos compatriotes. On retrouve leurs traces également sur des parties de l’Ile qui n’étaient pas soumises directement à notre juridiction. Il y eut, dit-on aussi, à l’Est, une assez forte interpénétration

de Normands de France et de Normands des îles de la Manche.

 

A Harbour Grace il est connu que des familles normandes avaient des établissements au commencement du xvii6 siècle. On cité comme étant dans ce cas la famille Gushue, qui n’est autre que le nom bien français de Guizot. Les familles de Quetteville et Le Seour étaient également installées

à Harbour Grace déjà vers 1760.

 

Bay Roberts était autrefois Baie de Robert et une colline de cet endroit se nomme encore Priault. Au Sud se trouve Bauline, qui n’est qu’une altération de Baleine. Dans Ia liste des habitants de cette région on retrouve encore, à l’heure actuelle, les noms de Gushue (Guizot), Puddister (Poingdestre), Paslier (Porchard), Hookey (Le Huquet), Le Grow (Legros), Fillier

(Filleul), Hawcoe (Hacquois), Nicholl (Nicolle), Picott (Picot), Parrott (Perrot), Firey (Le Hurey), Norman, Noel, le Drew, Gosselin, Grouchez (Grouchy), Murrin (Morand), Cernew (Quinault), etc.

 

Un autre exemple de ces changements de forme nous montre que les deux endroits appelés aujourd’hui Saint Shott et Saint Shore ne sont que Saint-Jacques et Saint-Georges prononcés par des anglo-normands.

Harbour Mille, qui se prononce aujourd’hui Millay, s’appelait autrefois Millier et l’endroit appelé Corbin, à côté, est cependant resté dans sa forme première. Blue Pignon n’est que l’ancien Blanc Pignon et Pass Island l’ancienne Passe.

 

Mais la plus curieuse de ces transformations est peut-être Toslow John dans laquelle on ne pourrait guère deviner Tasse d’Argent. Ce dernier nom signifiait au moins quelque chose et désignait une crique de forme circulaire aux parois de schiste blanchâtre où la mer écumante venait constamment frapper. Le nom de Tasse d’Argent avait donc été admirablement choisi.

 

L’Ile au Bois de nos anciens pêcheurs se nomine maintenant Oily Bois. Il vaut mieux ne pas traduire. Au Sud de l’Ile,les noms français se retrouvent encore plus nombreux puisque nous étions là en terre française.

Le Messurier, Le Mesureur, Grandy (Grandin), Lesbirel, Dumaresque, Lé Feuvre, Le Faivre, Hulin (Huelin), Ayne (Ahier), Sainte-Croix (qui se prononce San-Cro), Cabot, Delacour, Legrand, Leroux Legros, Renouf, Berteau, Du Tot, Le Marquant, Le Marchand, Le Drex, Bonnel Knight (le grand-père de ceux qui existent s’appelait Chevalier), William (qui s’appelaient encore Guillaume il y a une génération), Hue, Lambert, Lacrey, Bisson, Beaucamp, Chevalier, Vautier, Le Morne, Le Fresne, Corbin, Carey, Le Scelleur, Sorsoleil, Angot, Pinel, Eneant, La Fosse, x Lequesne, Folle, Le Riche, Vandin, La Rossignoll (Le Rossignol), La Blanc (Le Blanc),

Tupper, Havilland, (du Havilland) Fashon, Debrée, Thomey (Thoume), Ozanne, Tibbs (Tibault), Siviour, etc.

 

Il n’y a dans cette courte étude qu’un aperçu sommaire des survivances françaises à Terre-Neuve, mais cette étude est suffisante pour se rendre compte que nous avons été, du moins dans cette [partie du monde, de grands colonisateurs et que les descendants de nos compatriotes

devenus des sujets de la couronne britannique, d’après les observations que j’ai pu faire sur eux, ont conservé les fortes qualités de notre race.

Il nous reste la satisfaction de constater que les Anglais, Irlandais et Ecossais de l’Ile disent encore «travailleur comme un Français» et que, parmi les familles qui portent encore les vieux noms de France, il n’en est pas de miséreuses.

 

Il est un «endroit de l’île, la Baie de Saint-Georges, où l’élément français est plus groupé et plus compact et où, encore, notre langue est parlée.

ÉTATS-UNIS.

 

Le souvenir français à f r once-America of New York. — Hya une vingtaine d’années fut fondée à. New-York par un groupe d’Américains la Irance-America-Society dont la devise «Nous nous souvenons» en dit plus long qu’un long discours. Chaque anniversaire rappelant l’amitié qui unit les deux grands pays est célébré avec piété et reconnaissance, attestant Ia permanence des sentiments profonds et leur durée. Le jeudi 6 février dernier, un déjeuner, auquel assistaient entre autres personnalités Son Exe. l’Ambassadeur de France et M™ Claudel, réunissaient les membres de France-Âmerica-Society au Ritz-Carlton.

 

S’il est un anniversaire symbolique c’est bien celui du 6 février 1778, jour de la signature du traité d’alliance d’amitié et de commerce, à Paris, entre la France et les États-Unis d’Amérique. Il est des dates qui comptent dans l’histoire d’un peuple. Plus qu’un jour de grande victoire, le souvenir du jour qui a rendu la victoire possible doit être pieusement conservé. Le seul traité d’alliance personnelle que l’histoire des Etats-Unis connaisse est celui qui porte les signatures du roi de France etde Benjamin Franklin, Silas Deane et Arthur Lee. Ace moment Washington et sa malheureuse armée étaient campés dans une étroite vallée, à Valley Forge, en proie à toutes les rigueurs d’un hiver exceptionnellement rigoureux, sans ravitaillement, sans

équipement, dans un profond découragement, malgré la victoire de Saratoga. Le Congrès, chassé par les troupes anglaises de Philadelphie, s’était réfugié à York.

 

Le trésor était vide, les troupes insuffisantes et le pays occupé. Les succès anglais avaient encouragé les troupes de la Couronne et l’espoir d’indépendance s’évanouissait un peu tous les jours. C’est à ce moment

si sombre qu’un des pays les plus puissants de l’Europe accorda son amitié et son appui au jeune peuple qui voulait vivre indépendant et qui s’en montrait digne et que la France signa un pacte d’amitié et d’alliance il y a cent cinquante-deux ans. Ce traité, comme le dit dans son discours

M. William D. Guthrie, président de France-America-Society, la France en tint splendidement et généreusement toutes les promesses. En vérité, elle fit plus que ne le comportait la lettre et l’esprit du traité. Non seulement elle envoya une armée sous Rochambeau, une magnifique flotte de vingt-huit navires de ligne et six frégates commandés par le comte de Grasse, mais

comme le note Jared Sparks, « la France nous prêta dans le besoin de l’argent tiré de son propre trésor déjà plus qu’à moitié épuisé, ce qu’elle n’avait pas promis».

 

Lorsqu’il apprit, le 5 mai, la signature du traité, à Valley Forge, Washington remercia le Giel de son intervention miraculeuse et sa reconnaissance s’exprima dans des termes d’une simplicité sublime : R L’armée, de son côté, tirée de son abattement désire, dit-il, manifester sa joie en cette

occasion ».

 

Les effets du traité et ses résultats sont trop connus pour qu’il soit besoin de les rappeler. C’est la campagne victorieuse et son heureuse issue : le traité de paix de Versailles de 1783 reconnaissant l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique. Cette date du 6 février 1778 est donc bien propre à célébrer cette amitié des deux nations et moins que tout autre groupement france-

America-Society devait le laisser passer sans rappeler les liens qui se nouèrent dans le malheur. L’éclat de la cérémonie fut du reste accru par Ia remise que fît Son Exe. M. Claudel de la croix de la Légion d’honneur à M. Edward D. Adam, que le gouvernement français vient de recevoir

dans l’ordre national.

 

Le Président de la République française, M. Hoover, le général Pershing,avaient adressé au Comité des télégrammes de profonde sympathie.

 

GÉNÉRALITÉS.

Un beau raid d’avions français en Amérique latine. — Nous publions en tête de ce numéro une photographie qui montre une grandiose succession de cataractes géantes : les chutes de l’Iguazu, aux confins de l’Argentine, du Brésil et du Paraguay. Cette photographie a été prise en avion, du second avion qui ait survolé l’Iguazu et ses cataractes, el qui est un avion français,

un Latecoère, de la filiale argentine de la Compagnie générale aéro-postale.

A gauche, derrière un éperon boisé et rocheux on aperçoit la cataracte Floriano, qui a deux étages de chutes; au fond se trouve la cataracte principale Garganta del Diablo (la Gorge du Diable), qui dégage un énorme nuage d’écume et de vapeur d’eau. Quand on saura que cette chute est haute de 60 mètres, alors que le Niagara mesure au maximum 45 mètres on pourra se rendre compte de la grandeur et de l’étendue du paysage que nous reproduisons à une échelle infime.

 

Les chutes de l’Iguazu, qui coule d’est en ouest pendant 700 kilomètres, se trouvent à une vingtaine de kilomètres de son confluent avec le Rio Parana, où se trouve la petite ville de Porte Aguirre, centre où arrivent les touristes, nombreux chaque année, qui sont attirés par ce magnifique spectacle et que ne décourage pas le trajet inconfortable, de cinq jours dans chaque sens, qu’il faut accomplir depuis Buenos-Aires.

 

Il est évident que cet accès incommode fait reculer un plus grand nombre de voyageurs. C’est pourquoi M. Vachet, aviateur français de la guerre, actuellement directeur de l’exploitation de la compagnie argentine, décida d’étudier l’exploitation d’une ligne aérienne qui combinerait une escale à Posadas, sur le Rio Parana, à mi-chemin environ du service régulier de Buenos-Aires à Asuncion (Paraguay) avec un embranchement touristique vers les chutes de l’Iguazu.

 

L’escale à Posadas permettrait d’accomplir en 7 ou 8 heures le trajet qui jusqu’à présent demandait k jours depuis Buenos-Aires et rien ne s’oppose à son établissement, mais il en va tout différemment de l’établissement d’un embranchement pour Porte Aguire. Partout la forêt règne, impénétrable, où, si par hasard on rencontre une clairière immense, c’est une plantation de maté ou les énormes troncs d’arbre sont coupés à 1 mètre du sol et où l’avion n’a nulle place.

 

Aussi le hardi explorateur proposait-il, si l’on persistait à faire la liaison entre Posadas el Porte Aguire, d’utiliser des hydravions qui trouveraient eux des mouillages excellents et pratiques.

 

 

By René Arbour

Management certificate of Credit Card (New York - 1983-84) Bac Administration , Security for the people (Minesota 1984)