La Sanctification du Dimanche (21-11-1927)

Servez-vous, au besoin, de la loi civile, et, si on réussit encore à l’éluder, nous avons confiance que nos législateurs se feront un devoir de l’amender, de la préciser, de la renforcer et de la munir de sanctions efficaces

eglisemontmain2007

 

LETTRE PASTORALE DE

Nos Seigneurs les Archevêques et Évêques de la Province civile de Québec,

 

SUR LA SANCTIFICATION DU DIMANCHE

 

NOUS, par la grâce de Dieu et du Siège Apostolique, Archevêques et Évêques des provinces ecclésiastiques de Québec, de Montréal et d’Ottawa.

 

Au clergé séculier et régulier et à tous les fidèles de nos diocèses respectifs,

Salut et Bénédiction en Notre-Seigneur.

 

Nos très chers frères,

 

L’Esprit-Saint adjure les Évêques, par la bouche de saint Paul, de prêcher la doctrine, d’insister, de menacer, d’exhorter, à temps et à contre temps, en toute patience

et vérité (II Tim., IV, 1-2) ; il les invite même à reprendre sévèrement les fidèles de leurs relâchements, afin que leur foi demeure saine et vigoureuse (Tit., I, 13).

 

C’est pour obéir à cet appel de l’Esprit-Saint, c’est pour accomplir un devoir strict de notre charge pastorale et pour empêcher nos ouailles, selon les règles de la prudence, de s’égarer sur les chemins larges de la perdition, que nous revenons, aujourd’hui, nos très chers frères, vous entretenir du grave sujet de la sanctification du dimanche.

 

Il y a quelques années, nous vous rappelions la grande loi du repos dominical et nous insistions surtout pour faire cesser le travail en ce saint jour. Si les abus très réels que nous condamnions alors ne sont pas encore totalement disparus, nous pouvons espérer cepenaant que, bientôt, grâce aux efforts des gens de bien, le travail, le

dimanche et les jours de fête, cessera dans notre province.

 

Aujourd’hui, notre charge pastorale nous oblige à vous parler de la profanation du dimanche par les divertissements défendus. Nous le faisons, parce que, comme

aux premiers jours de l’Eglise, « il y a des gens qui enseignent, pour un vil intérêt, ce qu’on ne doit pas enseigner et qui troublent le peuple fidèle». (Tit., I, 12).

 

Le dimanche est à Dieu, c’est son jour (Ex., XX, 10),. et II veut que nous l’observions (Deut., V, 15), parce qu’il est, entre lui et nous, le signe manifeste de notre alliance

perpétuelle (Ex., XXXI, 13). C’est pourquoi le Seigneur nous fait dire par Moïse : « Gardez mon sabbat car il est saint; celui qui le profanera mourra». (Ex.,XXXI, 14).

 

Or, il y a une tendance croissante, que l’on remarque surtout dans les villes, à transformer le jour du Seigneur en un jour profane, en un jour de lucre et de péché, par

l’organisation d’amusements, qui, parfois inoffensifs en eux-mêmes, deviennent repréhensibles le dimanche et les jours de fête. Nous voulons parler de ces divertissements qui tournent en opérations d’argent, passionnent outre mesure l’esprit des fidèles, font perdre graduellement le respect de ce saint jour, et, quelquefois même, transgresser gravement la loi du dimanche.

 

Les vénérables Pères du premier Concile plénier de Québec, s’inspirant de la tradition catholique, avaient déclaré que l’on ne pouvait pas permettre, les dimanches et les jours de fêtes religieuses, les amusements publics pour lesquels on exige un prix d’entrée, même si ces amusements sont organisés au bénéfice des oeuvres pies (Canon 544).

 

Cette législation de l’Eglise canadienne, approuvée par le Saint-Siège, n’est nullement tombée en désuétude. Les évêques, à tour de rôle, se sont appuyés sur cet article

de notre droit particulier, chaque fois qu’ils ont voulu rappeler ce point de discipline et garder au dimanche sa physionomie véritable de jour saint et sanctificateur.

 

Si donc des amusements, honnêtes mais payants, ne sont pas permis les dimanches et les jours de fête, même si on les organise pour servir à la charité et à la religion,

que ne faut-il pas penser et dire de certains amusements, d’une moralité douteuse, qui offrent habituellement un aliment aux passions et qui n’ont d’autre but que de satisfaire

la cupidité de quelques hommes qui veulent s’enrichir le dimanche encore plus sûrement que la semaine?

 

Il s’agit, en particulier, des représentations théâtrales et cinématographiques, qui remplacent pour plusieurs l’édifiant spectacle de nos offices liturgiques et qui se donnent chez nous, les dimanches et les jours de fête, au mépris de nos lois ecclésiastiques et civiles. Vous savez tous, nos très chers frères, que le commerce est défendu le dimanche. Or, ces représentations, par leur multiplicité et leur allure d’opérations financières et industrielles, constituent aujourd’hui une véritable profanation du jour du Seigneur que la conscience catholique ne peut pas tolérer.

 

Ne pas les condamner avec énergie, ne pas presser leur disparition les jours de dimanche et de fête, causerait un scandale bien propre à troubler les bons catholiques et à mal édifier ceux qui ne partagent pas nos croyances. Les uns et les autres jugent, à bon droit, que l’on peut se reposer et se récréer sans violer le caractère sacré du dimanche. C’est pourquoi, nos très chers frères, nous faisons appel à votre esprit chrétien et à votre foi en l’autre vie.

 

Nous vous prions de veiller avec soin à ce que, dans votre famille et dans votre paroisse, les dimanches et les fêtes d’obligation soient religieusement observés par la cessation du travail, par l’assistance aux offices divins, l’audition de la parole de Dieu, la fréquentation des sacrements, la prière et les bonnes oeuvres, et aussi par la disparition des amusements qui offrent un caractère de lucre ou de dissipation inconciliable avec la sainteté de ces jours.

 

Ayez à coeur, par votre vigilance et votre exemple, de maintenir le jour du Seigneur en grand honneur parmi nous et de ne permettre à personne de venir le profaner

et d’en faire un jour de malédiction. Usez de tous les moyens honnêtes pour faire disparaître, les dimanches et les jours de fête, ces oeuvres si peu conformes à notre

Esprit chrétien et à nos traditions nationales, telles que les représentations théâtrales et cinématographiques, et autres organisations entreprises dans un but de lucre.

 

Servez-vous, au besoin, de la loi civile, et, si on réussit encore à l’éluder, nous avons confiance que nos législateurs se feront un devoir de l’amender, de la préciser, de la renforcer et de la munir de sanctions efficaces.

 

En conséquence, de notre propre autorité, et en conformité avec la tradition catholique et le droit en vigueur parmi nous, nous rappelons aux catholiques, qu’il y a pour eux un devoir grave de s’abstenir de toute organisation faite, le dimanche et les jours de fêtes d’obligation, dans un but purement commercial et lucratif, et nous défendons formellement aux fidèles de nos diocèses d’organiser l’un ou l’autre de ces amusements pour lesquels on exige un prix d’entrée, même si les revenus en sont destinés au soutien des œuvres pies.

 

Sera la présente lettre pastorale lue sans commentaire et publiée au prône de toutes les églises paroissiales et autres où se fait l’office divin, le premier dimanche après

sa réception.

 

Fait et signé par Nous, le vingt-et-unième jour de novembre de l’an mil neuf cent vingt-sept,

 

Y RAYMOND-MARIE, arch. de Québec,

t GEORGES, arch. de Tar., Coad. de Montréal,

f MICHEL-THOMAS, év. de Chicoutimi,

f FRS-XAVIER, év. des Trois-Rivières,

f J.-S. HERMANN, év. de Nicolet,

t GUILLAUME, év. de Joliette,

y JOS.-ROMUALD, adm. ap. de Rimouski,

t JOSEPH-EUGÈNE, év. de Mont-Laurier,

t FRS-XAVIER, év. de Gaspé,

f LOUIS, év. de Haileybury,

Y FABIEN-ZOËL, év. de Saint-Hyachithe,

f JOSEPH-ALFRED, év. de Valleyfield,

Y ALPHONSE-OSIAS, év. de Sherbrooke,

f J.-M., év. de Legio, Vie. ap. du Golfe Saint-Laurent,

f EM.-ALPHONSE, év. de Thennesis, aux. de Montréal,

•}• ALFRED-ODILON, év. de Darca, aux. des Trois-Rivières,

•j- J.-L.-OMER, év. de Dobei’us, aux. de Québec,

 

Mgr Joseph CHARBONNEAU, vie. caj}t., Ottawa.

 

Par mandement de Nos Seigneurs,

 

Albert Valois, chanoine,

Chancelier, Montréal.

By René Arbour

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