LE PATRONYME «JULIEN»

 

LE PATRONYME «JULIEN»

Famille-Arbour.com présente l’histoire de la famille Julien par ; Bernard Julien


 

Les ancêtres de la familles Julien, ne portaient pas tous ce patronyme. La descendance de Jean et de la fille du roi, Madeleine Guérin, sont aujourd’hui les plus nombreux. Mais un bon nombre sont issus des ancêtres Julien Hellot ou Elot.Ce breton , venu de St-Malo en Bretagne choisi pour épouse ( le 21 avril 1721) Marie-Josephte Deguise, fille de Guillaume & Marie-Anne Morin. De leurs enfants, 4 filles et 6 garçon, deux de ceux-ci adopèrent le patronyme de leur père. C’est ainsi que naquit une lignée des familles Julien dit Elot, la deuxième en importance.

D’Olivier-Julien Sénéchal, naîtra une autre branche. Deux de ses fils, eux aussi, choisiront comme nom «Julien» Pierre Julien Sénéchal, et Jean-Baptiste Sénéchal (ou Sénécal), et un quatrième, André Julien Arel, de Sorel, adoptera notre patronyme. Pour l’instant, je vous invite à un voyage dans le temps et allons faire connaissance de nos ancêtres Jean & Madeleine.


Extrait : NOS ANCETRES (vol. #19)

par : Gérard Lebel CSsR (page 103 à 110)

Julien, nom de baptême et nom de famille devint très populaire en France, après la mort de Saint-Julianus, martyr de Brioude, ville de la Haute-Loire.

Plusieurs porteurs de ce patronyme vinrent en Nouvelle-France: Jean Julien, dit Saint-Julien, originaire du Bas-Languedoc, soldat, époux de Marie-Anne Debien, à Montréal le 28 novembre 1728; Jacques Julien, dit Le Dragon, soldat d’Esgly, né à Puylauriens, Languedoc, marié à Montréal en 1709 à Marie-Barbe Dupont; le normand Jacques Julien également dit Le Dragon, soldat au régiment de Carignan, mari de Marie-Anne Labrecque au Cap-de-la-Madeleine en 1685.

Les lignes suivantes ne concernent que le poitevin Jean Julien.

CANTON DE THOUARS

Après la Révolution française, les anciennes provinces de France furent morcelées en département. Le Poitou ne fut pas épargné. Une partie de cette province reçu le nom de Deux-Sèvres, département subdivisé en 3 arrondissement: Niort, Parthenay et Bressuire. Bressuire comprend plusieurs cantons dont celui de Thouarts, sur la rive droite de la rivière Thouet, et connu de Jean Julien. Le patelin de l’ancêtre se nomme Sainte-Verge; il est situéà quelques kilomètres au nord de Thouars.

Le département des Deux-Sèvres a toujours été un pays où ses habitants s’adonnent à l’élevage des bestiaux et à la culture des céréales. Au temps de l’ancêtre Jean Julien, les pépites d’or ne roulaient pas dans le Thouet ou les autres petits ruisseaux. Il avait à peine 19 ans lorsqu’il quitta sa patrie pour le Canada, très probablement en 1659. Comme bien d’autre immigrants, Jean désirait améliorer son sort, tenter l’aventure vers cette Nouvelle-France merveilleuse.

Le première apparition de Jean Julien dans nos annales religieuses se trouve dans les archives de Notre-Dame de Québec. Le 24 février 1660, 65 confirmands se présentèrent devant Mgr de Laval pour recevoir le sacrement de Confirmation. Le chroniqueur mentionne Jean Julien; son âge; 19 ans; son origine; l’Ouest de la France. Il est cité entre Jean Rondin, 20 ans, un saintongeais, et Pierre Jarrye, 35 ans, un poitevin .

Pendant l’espace de 5 ans, il est impossible de connaître l’emplois du temps du jeune Julien. Travailla-t-il pour le Séminaire de Québec? Les Religieuses? Un habitant de la région? Il n’existe aucun indice de sa présence

UNE FILLE DE CHOIX

A L’été 1665 arrivèrent en Nouvelle-France 89 filles protégées par le roi ou filles de choix. De ce nombre, 15

étaient destinées au gouvernement de Montréal; 15 à celui de Trois-Rivières; 59, à Québec. Parmi ces dernières, il y en eut une qui plut au fils de Michel Julien et de Perrine Contant, ce fut Madeleine Guérin. Née de Simon Guérin et de Nicole Leduc, elle avait vu le jour, vers 1646, au bourg de Vauxaillon, près d’Anisy-le-Château, en Picardie, aujourd’hui dans le département de l’Aisne, arrondissement de Laon.

L’heureuse rencontre se fit au temps de la moisson, chez Barbe de Boulogne, protectrice des filles de choix, veuve de Louis d’Ailleboust, autrefois gouverneur de la Nouvelle-France. Jean et Madeleine jetèrent les bases d’un pont d’amour qui unirait leur coeur pour toujours.

Le 20 octobre 1665, à Québec, ils firent les traités et promesse de mariage ainsy qu’il ensuit» Etaient présents à cette cérémonie civile, outre Barbe de Boulogne, Alexandre de Prouville, marquis de Tracy, commandant en chef des troupes et lieutenant général de la Colonie; l’intendant Jean Talon arrivé au pays depuis le 23 septembre précédent; les témoins Jean Levasseur, maître menuisier, habitant de la Côte de Beaupré.

Jean et Madeleine décidèrent, selon la coutume de Paris, de vivre en communauté de biens. Est-ce un oubli? Le notaire Pierre Duquet laissa un espace en blanc; il ne précisa pas la somme du douaire offert par le futur conjoint. Madeleine apportait des biens évalués à 100 livres.

Le 10 novembre suivant, l’abbé Hugues Pommier, un vendômois peintre à ses heures, donna la bénédiction nuptiale à Jean et Madeleine, devant les témoins Pierre Martin, domestique poitevin au service de Jean-Baptiste LeGardeur, Jean Normand, charpentier de Charlesbourg, et Jean Marchand. L’acte est inscrit dans le registre de Notre-Dame de Québec.

Après la cérémonie religieuse, les gens souhaitèrent longue vie et beaucoup d’enfants nouveaux mariés. Leurs souhaits deviendront-ils réalité?

A L’ANGE-GARDIEN

Où Jean et Madeleine allèrent-ils vivre après leur mariage? Très probablement à L’Ange-Gardien, Côte de Beaupré, sur la terre portant le numéro 18, à quelque 56 arpents à l’est de la rivière Montmorency.

Pierre Cartel acquis de Louis Couillard, sieur de L’Espany, le 5 septembre 1663, une concession de 2 arpents de front de terre sur le fleuve Saint-Laurent près de Jean Clément, dit Lapointe, à l’Ange-Gardien. Le concessionnaire avait promis de payer aux seigneurs, à chaque année, 1 livre par chaque arpent de large et 2 chapons vifs.

Le nouveau colon se mit-il aussitôt à l’oeuvre pour exploiter sa concession? Peut-être l’espace d’une saison, le temps de faire un petit désert» et de bâtir une cabane. C’est ici qu’arrive dans le paysage Jean Julien. A l’été de l’année 1665, Jean aurait continué le défrichement amorcé sur cette bande de terre d’une lieue et demie de profondeur.

Ainsi, à la Saint-Joseph 1666, le 19 mars, Pierre Cartel cédait sa concession par-devant le notaire Romain Becquet à Québec, à Jean Julien, moyennant le prix et somme de » 120 livres tournois. Jean paya rubis sur l’ongle. Le vendeur et l’acheteur ne surent pas signer.

Il est vrai que le recensement de 1666 ne fut pas un succès. Les noms de Pierre Cartel et de Jean Julien n’ont pas été mentionnés. Mais en 1667, Jean Julien, 26 ans, et Madeleine Guérin, 20 ans, vivent bel et bien à l’Ange-Gardien avec leur premier bébé Marie. Ils ne possèdent pas encore de bêtes à cornes; ils déclarent qu’ils ont 2 arpents de terre défrichés. Les voisins sont le lorrain Jean Clément et le normand Nicolas Cantin.

Lors de l’inventaire des biens de Bertrand Chenay, sieur de LaGarenne, en mars 1671, il est dit que ce brasseur d’affaires avait acheté une barrique de lard de Jean Julien , au prix de 45 livres.

UN FEU

Au printemps 1671, une querelle d’importance éclata au sujet d’une bâtisse incendiée, un hangar appartenant à Nicolas Cantin. Le voisin Jean Julien fut accusé d’être responsable de la perte de ce bâtiment. Qu’était-il arrivé? Julien et Cantin n’était pas des malfaiteurs, des matamores. Cependant, il n’y a jamais de fumée sans feu. Les colons français utilisaient le feu à temps et à contre-temps; ils s’en servaient pour brûler les veilles souches, détruire les branches, les fredoches et consumer les abatis. Le feu, au printemps, court dans la prairie, s’emballe, vole. Il se peut que Jean Julien ait utilisé cette arme à deux tranchants et qu’il ait perdu contrôle de ses flammes; elles allèrent lécher l’herbe de son voisin Cantin, avant de se communiquer à son bâtiment.

Nicolas Cantin en conclut que la conduite de Julien était criminelle. Si je comprends le déroulement de cette dispute, je conclus que le cas fut mis entre les mains du juge prévôt de la Côte; celui-ci le dirigea vers la prévôté de Québec où, le 7 juillet 1671, Jean Julien fut condamné à payer 100 livres à l’offensé, 5 livres d’amende à verser a l’Hospital» et les frais. Cette sentence équivalait au salaire qu’un simple habitant pouvait gagner en 105 jours ouvrables… Le conseil Souverain cassa cette sentence, le 22 août suivant.

Nicolas Cantin ne se tint pas pour battu; il interjecta appel. Le 21 octobre, l’auguste tribunal reconsidéra son jugement et l’accord intervenu entre les deux contestants. Chacun porta ses frais de cour et Julien s’obligea de payer dans ce jour au dict Quentin la somme de trente livres en un billet a prendre au magasin du Roy».

Le feu des belligérant s’éteignit sous la cendre!

GENERATION GUERIN-JULIEN

De toutes les familles fondatrice de la Côte de Beaupré, celle de Jean Julien et de Madeleine Guérin fut l’une des moins nombreuses: Marie, Nicolas, Anne.

L’acte de baptême de l’ainée Marie a été perdu. Au recensement de 1667, la bambine était âgée de 6 mois. Le 4 novembre 1687, à l’Ange-Gardien, elle unissait sa vie à l’ancêtre Pierre Riopel, cordonnier et lui donna 6 rejetons à aimer. Hélas! la grande épidémie de 1702-1703 l’emporta dans ses serres, Marie fut inhumée au cimetière de Québec, le 20 décembre 1702.

Nicolas naquit à l’Ange-Gardien, le 3 novembre 1669. Quatre jour plus tard Nicolas Cantin et Marguerite Thomas, fille de Daniel et de Barbe poisson, présentèrent sur les fonts baptismaux celui qui serait l’unique garçon Julien. L’abbé Pierre de Caumont, arrivé au pays depuis le 16 mai précédent, baptisa l’enfant. L’acte fut inscrit au registre de Château-Richer.

Sans Nicolas, la famille de Jean Julien aurait perdu à jamais son patronyme Le curé Gaspard Dufournel, de l’Ange-Gardien, le 14 février 1695 unit par les liens du mariage Nicolas Julien et Marie Brisson, de la famille de René Brisson et de Anne Vézina. Seulement 3 marmots furent donnés à ce couple: Jean, Marie-Madeleine, Nicolas. Nicolas père mourut en 1716 et sa veuve convolas avec Ange Prévost.

Anne Vézina et Etienne Brin, dit LaPensée, furent les parrain et marraine de la cadette Julien. Anne, le 26 novembre 1672. L‘abbé François Fillon était alors curé de l’Ange-Gardien. A l’âge de 20 ans, Anne devint la femme de Joseph Goulet, le 20 juillet 1692, dans sa paroisse natale. Le couple offrit 9 rejetonsà la vie.

La descendance Guérin-Julien démarra lentement mais sûrement. Les mailles de sa chaîne ont tenu bon jusqu’à nos jours.

LA BRISURE

Les joints qui unissaient la vie de Madeleine et de Jean se brisèrent soudainement. Même les registres n’eurent pas le temps de raconter l’événement Noyade? Chute d’un arbre dans la forêt? Quoi? Les descendants s’interrogeront encore longtemps sur ce départ précipité, caché.

Un fait est certain; le 23 juin 1673, le notaire Paul Vachon présidait l’inventaire des biens laissés par le défunt Julien. Sa petite maison ou cabane fut estiméeà 30 livres. Ce n’était pas le château de Versailles… La veuve et les jeunes enfants devraient survivre. Et comment?

A la côte de Beaupré, vivait Pierre Boivin, fils de Toussain et de Hélène Commont. Il était natif de Daint-Herbland, paroisse de la ville de Rouen. Pierre possédait-il une certaine parenté avec les autres Boivin originaires de Rouen et déjà établis dans la Colonie? Probablement. De toute façon, ce Pierre Boivin rencontra la veuve Julien et lui proposa de partager sa solitude avec elle et ses enfants. Pour Madeleine, c’était le salut par le coeur. Le 25 août 1673, contrat de mariage de Pierre et de Madeleine; puis, le 31 du même mois, le curé François Fillon bénit cette union devant René Letartre, Nicolas Cantin et Marc Bareau, veuf de Marie Boissel depuis quelque mois.

Le couple Guérin-Boivin vécut à la fois à l’Ange-Gardien et à Neuville… Il fut même recensé aux deux endroits en 1681. Les enfants Julien furent élevés sans problème par Pierre et Madeleine. Ils ne reçurent pas d’autres demi-frères et demi-soeurs.

Le 8 juin 1681, Pierre Boivin acquit la terre de Pierre de La Fuye dans la seigneurie de Neuville. Il l’a revendit à Michel Arbour, le 26 février 1683, puis à Sébastien Liénard, dit Durbois, le 10 mars 1685.

Selon Raymond Gariépy, les beaux-frères Pierre Riopel et Joseph Goulet, le 13 juillet 1692, vendirent à Nicolas Julien tous leurs droits dans la successions de feu Jean Julien et aussi dans la succession future de Madeleine Guérin. Nicolas déboursa 300 livres. Madeleine Guérin, la courageuse aïeule, décéda après le mois de janvier 1699. Son acte de sépulture a été perdu…

De fil en aiguille, de succession en succession, d’héritage en héritage, le 10 janvier 1870, Joseph Julien, dernier propriétaire du bien ancestral vendait ses terres à Aimable Picard, dit Destroismaison , maître charpentier de vaisseaux, pour la somme de 550$. Ainsi la terre 18, qui correspondait au lot 172 du cadastre, quittait la descendance Julien pour passer entre d’autres mains.

Yvon Julien, recherchiste, écrivain et conférencier, a voulu placer lui-même le présent bouquet devant son ancêtre. Louis Julien, 5e génération, quitta l’Ange-Gardien pour aller s’établir à Châteauguay où, en 1800, il épousa Marguerite Hénault. Son fils Louis jr. vécut à Saint-Timothée où Josephte Saint-Michel, le 24 janvier 1826, le prit comme mari. Saint-Timothée devint un centre actif de patriotes; ils luttèrent ferme contre les loyalistes de la région. Louis, n’écoutant que son courage, prit lui aussi les armes, mais fut arrêté par plusieurs autres citoyens et amené à la prison de Montréal, escorté par les soldats anglais, soumis à un pénible procès et condamné à mort le 25 avril 1839, pour s’être battu pour défendre les libertés auxquelles son pays avait droit et qu’on lui refusait». Il fut gracier par la reine Victoria le 25 septembre 1839.

L’un de ses enfants en engendra 16 autres. Parmi lesquels figurent 3 prêtres. L’un d’eux, Oscar Julien, était ordonné évêque de Choba et nommé Vicaire Apostolique du Nyassa, en 1934. Losqu’on écrira l’histoire des chrétientés d’afrique, son nom brillera comme fondateur de nombreuse stations missionnaires, hôpitaux, écoles et maternités.

Au diocèse de Valleyfield, les Julien ont été une pépinière de vocations sacerdotales. En voici quelque-unes: Herménégilde et Dominique furent supérieurs du séminaire diocésain; Henri, Paul-Emile, Bruno, Yvano prirent en charge les cures suivantes: Saint-Etienne, Saint-Chrysostome, Châteauguay et Saint-Polycarpe.

Les descendants de cette lignée Julien sont encore nombreux parmi nous et certain occupent des postes importants au sein de la société.

BIBLIOGRAPHIE

Greffe Audouart, 5 septembre 1663.

Greffe Becquet, 19 mars 1666.

Greffe Ducquet, 20 octobre 1665.

Greffe Vachon, 23 juin 1673; 25 août 1673.

Dumas, Silvio, Les filles du Roi en Nouvelle-France (1972), p 253 Gariépy, Raymond, Les

Seigneuries de Beaupré et de l’île d’Orléans dans leurs débuts (1974), p. 117;

Les terres de L’Ange-Gardien (1984), pp. 192-200

Jetté, René, Dictionnaire Généalogique des Familles du Québec (1983), pp 614-615

Julien, Yvon, Histoire de la famille Julien, 1974. Manuscrit De Beauharnois. Laberge, Lionel,

Histoire du Fief de Lotinville (1963) pp. 110,283 Lafontaine, André, Recencements annotés de

la Nouvelle-France 1666 & 1667 (1985), p 235; Recensement annoté de la Nouvelle-France 1681 (1986) pp. 56,214

Trudel Marcel, Catalogue des Immigrants 1632-1662 (1983), p 403. Jugements et

Délibérations du Conseil Souverain de la Nouvelle-France (1885), vol I pp. 659,668.

 

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By René Arbour

Management certificate of Credit Card (New York - 1983-84) Bac Administration , Security for the people (Minesota 1984)