L’année du laboureur : Novembre

 

L’année du laboureur : Novembre

 

Le mois de novembre est celui du début des veillées, des labours, des semailles du blé d’hiver et du battage du blé : « C’est ordinairement l’hiver qu’on bat en grange ; et on doit prendre garde que les batteurs, surtout ceux qui sont à la tâche, ne laissent pas de blé aux gerbes, et qu’ils ne fassent ni entrepôts, ni trous à la grange, pour en voler le grain ».

 

En novembre . Quand les blés sont faits, les charretier ne font plus qu’une attelée pour donner le premier labour aux terres, où l’on veut semer en Mars ou Avril des blés de Mars, de l’orge, de la vesce ou des sainfoins et luzernes, qui ont besoin de trois labours, et celles aussi à qui il en faut deux pour y semer de l’avoine.

Cela fait, on donne aussi le premier labour aux terres qui doivent être semées en blé d’hiver l’année suivante, après quatre labours ; cela s’appelle lever les jachères. Ce sont les terres qui ont porté de l’avoine dans l’année. La levée des jachères est pour ce labour dans le cas d’un défrichement léger ; ce premier labour doit être peu profond, comme de trois ou quatre pouces au plus mais il faut enfoncer par degrés ceux qui suivent quand le fond de terre est bon.

On recueille encore du chanvre et du lin, et on les travaille pour vendre, ou pour en faire usage dans la maison.

On coupe et on élite les osiers après que la feuille est tombée. Eliter, c’est faire un choix ou triage des gros, des moyens et des petits, qu’on met en bottes séparément pour les différents usages auxquels ils font propres : les gros pour les vanniers, les moyens pour les tonneliers, et les petits pour les jardiniers.

On serre dans la cave, avant les gelées, les racines, carottes, navets, bette raves et les choux-fleurs, les pommes de terre, les cardons et la chicorée. On peut se contenter de couvrir de paille le céleri et la chicorée, qui blanchit sous ces couvertures, même sans la lier.

Vous achevez de ramasser les châtaignes.

Vous ferez répandre les taupières dans les prés, ainsi que les fourmilières  afin que l’hiver fasse mourir les fourmis. La terre des taupières étant très meuble, réchauffe l’herbe ; c’est pourquoi on n’y détruit pas ces animaux.

On plante toute sorte d’arbres quand la feuille est tombée, et l’on continue pendant tout l’hiver, toutes les fois que le temps le permet. C’est le temps aussi de tailler les arbres fruitiers, et d’élaguer les bois durs, comme l’orme, le tilleul, etc. A l’égard du saule et du peuplier, qui sont plus tendres, on peut attendre à la mi Février, ainsi que pour la taille du pécher et de la vigne.

On tire les échalas des vignes, et on les met par tas ou par chevalets pour passer l’hiver, et l’on cure les raies, pour rendre les sentiers propres et donner plus d’écoulement aux eaux.

On commence les coupes de bois, ou bien on les vend par adjudication. Si on les fait exploiter, on observera que le débit du bois à brûler est le plus facile, souvent même le plus avantageux à la vente, à moins qu’il n’y ait de très grosses pièces. On réservera celles dont on aura besoin polir les réparations, tant en charpente qu’en charronnage, des perches, des échalas, des épines pour épiner les arbres dans les dehors, et pour chauffer le four.

Quand les vins ne bouillent plus, il faut bondonner  les tonneaux. Si l’année n’a pas été favorable pour la qualité du vin, vous ferez bien de vendre les vins faibles tout chauds. Si vous attendiez, ils diminueraient toujours de qualité et de prix jusqu’aux chaleurs, qui pourraient les gâter tout à fait.

Il fait bon, dès que la feuille est tombée, donner la chasse avec le furet  aux lapins qui gâteraient les blés autour des bois et garennes.

Visitez la fruiterie pour voir si les fruits ne se gâtent pas ; il ne faut cependant pas y entrer trop souvent car moins il y aura d’air, et mieux les fruits se garderont. La meilleure terre pour garantir les fruits des grandes gelées, c est la cave, quand elle n’est point humide.

On raccommode pendant le temps des pluies les charrettes et harnais, et on les met en état de charrier, pendant les gelées, de la marne et des terres neuves. A l’égard des fumiers, il vaut mieux attendre au second labour des terres parce qu’ils se consomment trop dans la terre pendant l’hiver.

On ramasse toujours du gland, tant pour planter que pour la nourriture des cochons. Pour le premier usage, on les conserve tout l’hiver dehors en tas de sept à huit pouces de hauteur, jusqu’au temps de la plantation en Mars.

On continue de faire des fossés ou vidanges, ou de curer les anciennes, pour écouler les eaux des terres, surtout ou il y a du blé.

On répandra de la paille ou du chaume dans les rues pour augmenter les fumiers.

On continue de faire battre du blé le p1us longtemps qu’on peut, pour avoir toujours de la paille fraîche pour les chevaux, et l’on a soin de remuer et cribler le blé au grenier, afin qu’il ne prenne point le goût de poudre et de relent.

On s’occupe aux veillées à tendre des osiers pour les tonneaux, à casser des noix pour faire de l’huile , et à aiguiser des échalas pour les vignes.

Bestiaux et volailles. On tue les abeilles trop vieilles, on nettoie les ruches et l’on vend la cire et le miel.

La nourriture des vaches, en hiver, est le regain ou foin de la seconde coupe, la paille d’avoine, et quelquefois des choux et du son bouillis ensemble dans la chaudière, ce qu’on appelle dans des endroits des buvées.

Achats & ventes. C’est le temps à la Saint-Martin d’acheter de nouveaux essaims de mouches à miel : elles se plaisent particulièrement dans les pays secs, où croissent les bruyères, les joncs marins, les genets. Les chèvres entrent en chaleur et portent cinq mois, comme les brebis. Trois ou quatre jours avant la Saint-Martin, on envoie au marché quelques dindons, des canards, des oisons, des cochons de lait, des fruits, des fromages, du beurre , des oeufs, des veaux et des bêtes grasses.

Si l’on n’a pas vendu ses vins faibles en gros, on fera bien de les détailler.

 

mardi 1er novembre 2005, par Thierry Sabot

By René Arbour

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